Réunion. Une ferme aquacole victime collatérale des requins
La ferme était accusée d'attirer les requins près de la côte. Ses dirigeants se disent victimes d'une campagne médiatique négative.
ATTAQUES DE REQUIN – Elle était accusée d'attirer les requins tigres et bouledogues. La ferme aquacole de la baie de Saint-Paul, à La Réunion, a annoncé jeudi 13 septembre l'arrêt définitif de son activité.
Lors d'un point presse, le président de la Société aquacole des Mascareignes (SAM), créée en 2007 et produisant chaque année entre 25 et 45 tonnes d'ombrines, a justifié cet arrêt et un dépôt de bilan par une "image devenue négative". "Ces campagnes médiatiques accusant la SAM de tous les maux ont pour conséquence de ne plus laisser aucune possibilité à cette société de trouver des actionnaires pour bâtir un plan de redressement", a-t-il expliqué.
La ferme au large des "spots" où ont eu lieu les attaques
Située à une dizaine de kilomètres des récifs de Saint-Gilles où ont eu lieu la plupart des attaques de requins, parfois mortelles, la ferme a été plusieurs fois pointée du doigt. La presse locale et des associations de surfeurs l'ont accusée d'être en partie responsable de la prolifération des requins, qui seraient attirés par les poissons enfermés dans des cages sous l'eau.
Cette présence des squales a toutefois été minimisée par l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Ses scientifiques ont recueilli 168 heures d'images de caméras installées sous les cages pendant 28 jours. "Les résultats préliminaires montrent que durant cette période, cinq à six requins bouledogues de taille moyenne ont été observés (…) seuls ou en groupe de deux (une seule observation avec quatre requins)", avait indiqué l'IRD (PDF) début juillet. "Les cages aquacoles seraient une zone de passage pour les requins bouledogues et non une zone de prédation", avait-il ajouté.
Les investisseurs découragés
Le président de la SAM a assuré que sa société "avait tout pour attirer les investisseurs" et "construire un nouveau projet d'entreprise préservant l'emploi", malgré des difficultés financières dues à la concurrence asiatique et des vols de poissons. Les accusations ont fait "fuir les investisseurs", selon lui, et entraîné une baisse des ventes de poissons, le chiffre d'affaires ayant chuté à 238 000 euros contre 358 000 en 2009.
L'association Prévention Requin Réunion (PRR), proche des surfeurs, s'est félicitée de la fermeture de la ferme, "parc d'attractions pour les requins". En moins de deux ans, huit attaques sont survenues sur les côtes réunionnaises. Trois surfeurs ont été tués.
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