Cet article date de plus d'un an.

Refus d’obtempérer en Haute-Vienne : ce que l’on sait de la mort de deux jeunes à scooter à Limoges

Un peu plus d'un mois après la mort du jeune Nahel à Nanterre, qui avait déclenché des émeutes dans tout le pays, la mort de deux jeunes dans la nuit de samedi à dimanche, a provoqué des échauffourées à Limoges avec des incendies de véhicules. Ils fuyaient un contrôle policier.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L'intersection où deux jeunes sont morts après avoir grillé un feu rouge et percuté une voiture, dans la nuit du 5 au 6 août 2023 à Limoges. (PASCAL LACHENAUD / AFP)

"C'est terrible qu'ils soient morts, c'est une catastrophe, mais ils se sont mis en danger eux-mêmes", réagit lundi 7 août sur franceinfo le maire de Limoges, Émile Roger Lombertie, qui estime que la police ne peut pas être mise en cause dans cette affaire. Il a été le premier à communiquer sur le drame qui s’est produit dans la nuit de samedi à dimanche dans sa ville, provoquant la mort de deux jeunes gens.

Qu'elles sont, selon le parquet, les circonstances de l’accident ?

Aux alentours de 23 heures samedi 5 août, des policiers de la BAC du commissariat de police de Limoges décident "de procéder au contrôle" d'un deux-roues qui pouvait correspondre à un scooter déclaré volé la veille, selon le parquet. "Parvenu à la hauteur du véhicule arrêté à un feu rouge, un fonctionnaire de police décline sa qualité et fait part de son intention de procéder au contrôle, le gyrophare du véhicule de police étant actionné parallèlement". Le conducteur prend immédiatement la fuite. Une course-poursuite s’engage alors avant que les policiers y renoncent, "compte tenu de la vitesse du véhicule, estimée à plus de 100 km/h, et des risques pris par le conducteur du scooter", relate le procureur dans un communiqué.

Alors qu'ils ne sont donc plus pris en chasse, les deux hommes continuent de circuler à vive allure, franchissent "plusieurs feux rouges sans freiner". Le parquet précise que "lorsqu'ils perdent de vue le scooter pour la seconde fois", les policiers de la BAC aperçoivent "un panache de fumée à 300 mètres. En approchant, ils se rendent compte que le scooter est entré en collision avec un véhicule particulier", précise le parquet.

Selon plusieurs témoins, le scooter a violemment percuté un véhicule après avoir grillé un feu."Trois témoins directs" certifient "que le véhicule de police se trouvait à au moins 150 mètres lors du choc". Le conducteur du deux-roues et son passager sont projetés "à plus de 20 mètres". Transportés à l'hôpital, ils décèdent en dépit d'un massage cardiaque pratiqué sur place. Ils portaient tous les deux un casque.

Qui conduisait le scooter ?

"Le conducteur du scooter est un mineur de 17 ans", indique le procureur. Il était connu de la police pour des faits de destruction de biens publics avec circonstance aggravante et remise d'objets à des détenus (livraison de colis par-dessus les murs de la prison de Limoges). Le parquet a par ailleurs confirmé que le certificat d'assurance du scooter était périmé. "L'identité du passager demeure à confirmer, ses empreintes digitales conduisant à plusieurs identités différentes", ajoute le procureur. 

Dans le véhicule percuté, il y avait "un père et ses deux jeunes enfants", indique le maire de Limoges dans un communiqué publié sur Twitter. S’ils n’ont pas été physiquement blessés, ils ressortent de l’accident "choqués et traumatisés."

Combien d'enquêtes sont ouvertes ?

Deux enquêtes ont été ouvertes, l'une pour refus d'obtempérer aggravé par la mise en danger délibérée, l'autre pour homicide involontaire, par le parquet de Limoges. Le compteur du scooter a été retrouvé "bloqué à 90 km/h" dans une zone limitée à 50, selon le parquet qui précise également que l'un des jeunes transportait de la résine de cannabis. Les dépistages alcoolémie et stupéfiants du conducteur du second véhicule impliqué sont de leur côtés négatifs. 

"C'est la règle et la loi, que le procureur diligente une enquête pour vérifier si celui qui était au volant de la voiture n'a pas délibérément essayé de renverser la moto", réagit lundi 7 août le maire de Limoges sur franceinfo. Il rappelle toutefois que "ce n'est pas parce qu'il y a enquête qu'il y a mise en cause du chauffeur de la voiture et à la fois du policier", avant d’assurer que dans cette affaire, "nous ne sommes pas dans quelque chose où on peut mettre en cause la police".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.