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Quand le patron de la police fait enterrer une procédure contre son fils (Le Parisien)

{Le Parisien/Aujourd’hui en France} "sort" l’affaire aujourd’hui. Le Directeur général de la police nationale, Frédérick Péchenard, serait intervenu personnellement pour sortir son fils de 16 ans d’une mauvaise passe : interpellé en état d’ivresse, l’adolescent venait de copieusement injurier un policier. Aucune poursuite n'aurait pourtant été engagée...
Article rédigé par franceinfo
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Les faits remonteraient à la nuit du 17 au 18 février 2009, relate Le Parisien/Aujourd’hui en France dans son édition de ce matin. Un adolescent de 16 ans est interpellé sur les Champs-Elysées, il est totalement ivre au volant de son scooter. Conduit au commissariat du VIIIe arrondissement, il est "rapidement libéré", après avoir pourtant copieusement injurié un brigadier – "Tu fais un métier de con, je vais te muter à la circulation". Il n’aura même pas fini la nuit en cellule de dégrisement.

Son bref passage au commissariat laisse pourtant quelques traces : deux procès-verbaux et une note de service sont rédigés.
_ Dans un rapport interne, le brigadier injurié raconte par le menu ce qui s’est passé au commissariat.

“J'ai reçu pour consigne...”

Le père de l’adolescent est appelé : jusque-là, rien d’étonnant. Mais l'homme qui déboule au commissariat n’est autre que le "premier flic de France", le Directeur général de la police nationale (DGPN) Frédérick Péchenard.
_ "J'ai reçu pour consigne de Monsieur (nom masqué, ndlr) de ne pas placer l'interpellé en GAV (garde à vue, ndrl), de ne pas aviser la permanence de nuit du Parquet, de ne pas auditionner le mis en cause", déclare notamment un fonctionnaire de permanence dans ce rapport interne. "Monsieur Péchenard s'est déplacé dans nos locaux pour récupérer son fils", ajoute-t-il, précisant que le DGPN a alors rencontré, en tête à tête, le Gardien de la paix outragé.

Interrogé par le journal, l’entourage du patron de la police dément toute intervention pour faire retirer la plainte du fonctionnaire, ou "enterrer" la procédure.
Mais s’il était avéré, ce "petit arrangement entre amis" serait bien encombrant pour le DGPN, un ami de Nicolas Sarkozy, qui fait de la sécurité le cœur de sa politique, en particulier à destination des jeunes.
Le nom de Frédérick Péchenard était par ailleurs cité ces derniers jours pour son intervention dans l’affaire Woerth/Bettencourt : c’est lui qui aurait déclenché l’enquête de la DCRI sur la "taupe" qui informait la rédaction du quotidien Le Monde.

Gilles Halais, avec agences

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