Procès des parents de Dylan, l’enfant "martyr" de Millau
Lorsque ce 5 mars 2009, les policiers débarquent au domicile de la famille Sauve, à Millau, ils découvrent l’horreur : une chambre d’enfant vide, et un lit qui empeste l’urine. Les papiers-peints sont arrachés, la fenêtre condamnée, la lumière ne peut être branchée que par une prise électrique située à l’extérieur de la pièce. La porte ferme par un verrou situé à l’extérieur lui aussi.
Entendu par les enquêteurs, le petit Dylan, 7 ans, déclare spontanément être frappé régulièrement par son père, et contraint de dormir dans une chambre verrouillée la nuit.
Les parents ne contestent pas les faits.
Le père, un maçon de 43 ans, très apprécié dans son entreprise, décrit son fils comme un garçon "ingérable" , volant de la nourriture dans le réfrigérateur, urinant partout. "Il a le vice dans la peau", déclarera-t-il au juge d’instruction, pour justifier le traitement qu’il inflige à son enfant.
La mère, poursuivie pour non-empêchement de crime ou délit, expliquera qu’elle n’a jamais scolarisé l’enfant, de peur qu’il ne raconte son quotidien d’enfant martyr. Le petit Dylan ne bénéficiait d’aucun suivi médical.
Défaillance des service sociaux
"C’est la réponse d’un couple à la dérive, au comportement difficile de l’enfant", explique l’avocat des parents. L’enquête de personnalité évoque l’accusé comme un homme porté sur la boisson, "immature" et "rustre". La mère comme une femme faible, sous la dépendance de son compagnon, et marquée par la violence physique et verbale de sa propre mère.
La défense ne manquera pas de pointer la défaillance des services sociaux, qui auront attendu des années avant d’envoyer les forces de l’ordre au domicile d’un enfant non-scolarisé, et au comportement "étrange".
Le père encourt 10 ans de réclusion criminelle pour "violences habituelles sur mineur". Egalement présents sur le banc des prévenus : la mère, jugée pour "non-empêchement de crime ou délit", risque 5 ans. La grand-mère et un voisin du couple pour "non-assistance à personne en danger" : ils savaient, ils n’ont rien dit.
Gilles Halais, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.