Procès Clearstream : à questions précises, réponses confuses
Cette première audience confirme les pressentiments : on est très loin de l'ambiance électrique du procès en première instance. La matinée a traîné, engluée dans la lecture monotone par la présidente des faits mis en lumière par l'enquête.
Il aura fallu attendre la reprise de l'audience à 14h pour que la cour sorte de sa torpeur. L'avocat de Dominique de Villepin, Me Olivier Metzner, agite sa manche à propos d'une lettre. De cette missive soit disant adressée à la cour par la femme d'Imad Lahoud, le quotidien Le Monde sait tout. Me Metzner lui aimerait en savoir plus. Flottement du côté des huissiers lorsque la présidente demande si la lettre leur est parvenue. Réponse : non. On passe donc à autre chose.
En l'occurrence, à l'interrogatoire de l'ancien dirigeant d'EADS Jean-Louis Gergorin et du mathématicien Imad Lahoud, respectivement condamnés à 15 et 18 mois de prison ferme en première instance. Jean-Louis Gergorin est droit comme un i au micro. Il se lance dans ses réponses avec un calme olympien, sans la moindre hésitation sur les lieux, les noms, les dates.
"Quand on veut protéger les coupables, on est obligé de mentir" (Imad Lahoud)
Ces dates, elles font l'objet de l'essentiel des questions de la présidente aux deux hommes. Quand Jean-Louis Gergorin a-t-il fait la connaissance d'Imad Lahoud ? Quand Imad Lahoud s'est-il vu proposer un poste de consultant chez EADS ? Jusque là les réponses concordent. Mais lorsqu'on aborde les fameux listings Clearstream... les réponses divergent. Elles sont même extrêmement confuses lorsqu'il s'agit des souvenirs d'Imad Lahoud.
La cour connaît l'ampleur de sa tâche. Eclairer les zones d'ombres qui subsistent et distinguer le vrai du faux. Car Imad Lahoud l'a reconnu aujourd'hui, il a "beaucoup menti". Mais c'était selon lui pour se protéger : "on a été pris en main avec Jean-Louis Gergorin par Mr de Villepin", insiste Imad Lahoud. "J'ai nié l'évidence tant en garde à vue qu'à l'instruction. C'était un choix. Mais on était complètement pris en main avant et pendant l'instruction par Dominique de Villepin et il était extrêmement difficile de changer de version", a-t-il expliqué à la présidente. Et on devine aisément sa défense : charger Dominique de Villepin. Mais aussi Jean-Louis Gergorin : "J'étais son obligé", a-t-il dit, mais "c'est lui qui a eu l'idée de faire des faux pour compromettre les gens qui étaient sur les listings!", a insisté Imad Lahoud.
Dominique de Villepin, relaxé en première instance, s'est contenté d'écouter stoïquement ces échanges. Il sera interrogé à son tour mercredi et jeudi.
Caroline Caldier, avec agences
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