Polynésie : Huit vétérans du nucléaire demandent réparation
"Un procès historique". L'association Moruroa e Tatouqui, qui rassemble environ 4.000 civils et militaires, souhaite donner l'écho le plus large à la demande d'indemnisation déposée par d'anciens employés.
_ "Nous allons d'abord chanter et prier devant le Tribunal puis défiler ensuite avant de nous recueillir sur le lieu de mémoire de notre ville" a annoncé le président de l'association, Roland Oldham.
Entre 1966 et 1974, 46 essais nucléaires atmosphériques ont eu lieu à Moruroa et à Fangataufa. Sans compter les 147 effectués de façon souterraine jusqu'en 1966.
Huit anciens salariés ont décidé de demander réparation. A l'époque, ils travaillaient soit pour le compte du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP), du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), soit au sein d'entreprises sous-traitantes.
Les huit plaignants, dont trois seulement sont encore en vie, veulent une reconnaissance de leurs maux en maladie professionnelle. Ils sont atteints de cancers du sang, de l'œsophage et d'un lymphome.
"Si nous nous réjouissons de la reconnaissance officielle par l'Etat des
essais nucléaires", a souligné Roland Oldham, président de l'association, "nous restons très réservés sur la bonne foi de l'Etat ainsi que sur le montant des indemnisations proposées aux anciens travailleurs des sites comme aux populations avoisinantes".
10 millions d'euros d'indemnisation
Fin mars, le ministre de la Défense dévoilait son projet de loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires. Le texte, qui doit passer devant l'Assemblée Nationale d'ici à la fin juin, prévoit l'affectation de 10 millions d'euros chaque année pour l’indemnisation des victimes.
"L'Etat propose une enveloppe de 10 millions d'euros d'indemnisation, soit entre 20.000 et 50.000 euros par dossier alors que les premières indemnisations accordées en métropole varient entre 300 et 350.000 euros", a noté Bruno Barillot, membre de Moruroa e Tatou.
Un comité chargé d'examiner les dossiers aura six mois pour se prononcer sur chaque dossier qui recevra ensuite l'aval du ministère de la Défense.
Le 12 mai prochain, la cour d'appel de Paris rendra son arrêt sur le cas de 12 soldats ayant participé aux essais nucléaires français pratiqués dans le Sahara algérien de 1960 à 1966, puis en Polynésie de 1966 à 1996.
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