Meurtre d'un policier à Avignon : alors que le procès commence, l'hommage et l'inquiétude des collègues du fonctionnaire

Presque trois ans après les faits, le procès du meurtre d’un policier s’ouvre lundi à Avignon. Trois personnes comparaissent devant les assises du Vaucluse, dont celle accusée d'avoir tiré.
Article rédigé par franceinfo
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Reconstitution du meurtre d'Eric Masson dans le centre-ville d'Avignon (Vaucluse) le 30 juin 2022 (CHRISTOPHE AGOSTINIS / MAXPPP)

C'était le 5 mai 2021 dans le centre-ville d'Avignon. Le policier Eric Masson, 36 ans et père de deux enfants, était tué par balles lors d’un contrôle près d’un point de deal. Le petit trafiquant de 22 ans à l’époque, accusé d’être le tireur, nie les faits. Il risque la perpétuité. Deux autres hommes seront jugés à ses côtés pour l’avoir aidé dans sa fuite. Il avait été arrêté quatre jours après les faits, sur la route vers la frontière espagnole.

À l’époque, un hommage national avait été rendu au fonctionnaire tué. Mais le drame a durablement marqué les policiers : le nom d’Eric Masson est gravé dans le marbre, sur la façade du commissariat central d’Avignon, au côté des autres "policiers morts pour la France, victimes du devoir".

"On continue à vivre, mais on n'oublie pas, dit Claude Simonetti, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police FO dans le Vaucluse. C'est important qu'Eric soit toujours là d'une certaine façon, parce qu'il était des nôtres. C'était quelqu'un d'apprécié par tout le monde, souriant, proche de ses collègues. Un très bon flic, tout simplement. Ça a été un véritable choc." 

"Je pense que certains ont encore en mémoire ce qui s'est passé, et se disent 'attention à notre façon d'intervenir'. Eric est intervenu sur un contrôle lambda, et s'est retrouvé face à une personne qui a sorti une arme et lui a sorti dessus. Il ne faut pas l'oublier."

Claude Simonetti, Unité SGP Police FO

à franceinfo

C’était une opération banale, à moins d’un kilomètre du commissariat, dans une ruelle aux maisons coquettes, coincée entre les remparts. Eric Masson et son coéquipier étaient en train de contrôler une consommatrice qui venait d’acheter une barrette de shit, et c’est là qu’ils ont été approchés par un petit dealer et son acolyte, et qu’ils ont essuyé les coups de feu.

Des réseaux de deal dans plusieurs villes du Vaucluse

Cet épisode a laissé des traces : "Le traumatisme reste entier, reconnaît David Fiorentini, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police dans le Vaucluse. Des collègues ont du changer de service, d'autres se sont posé beaucoup de questions : est-ce que notre métier a encore du sens ? Est-ce que ça vaut le coup de le faire ? Parce que si on prend des risques jusqu'à mourir, et qu'ensuite rien n'avance... Sur la lutte contre les stups dans le département, on a l'impression de ne pas en voir le bout. Moi je qualifie le Vaucluse de 'banlieue marseillaise'. Le métier sur la voie publique est très compliqué à l'heure actuelle, du fait de l'explosion de violence."

Car si aujourd’hui les petits trafics du centre-ville historique d’Avignon se sont tassés et restent résiduels, les policiers du département sont confrontés à des réseaux de deal structurés et armés, dans des quartiers à l’extérieur des remparts mais aussi dans d’autres petites villes du Vaucluse : Cavaillon, Carpentras ou Orange.

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