Elargissement du fichage : "On a le sentiment qu'on stigmatise l'action syndicale", estime Yves Veyrier, secrétaire général de FO
Trois décrets gouvernementaux, publiés vendredi, élargissent les possibilités de fichage des personnes ou des associations soupçonnés d'"atteinte à la sûreté de l'État".
Le gouvernement a élargi, via trois récents décrets, le champ des données personnelles que peuvent recueillir les forces de l'ordre. La mesure vise les personnes ou associations soupçonnées "d'atteinte à la sûreté de l'État". Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a exprimé sa "stupéfaction" et ses "inquiétudes" notamment sur la possibilité de ficher des personnes pour "appartenance syndicale", dans un courrier à la ministre du Travail. "On a le sentiment qu'on stigmatise l'action syndicale", a expliqué le syndicaliste, jeudi 10 décembre sur franceinfo.
franceinfo : Le terme activité syndicale a été remplacé par appartenance. Était-ce nécessaire ?
Yves Veyrier : Nous n'avons nullement été informé, nous découvrons fortuitement cette modification qui n'est pas sans signification. J'ai insisté sur le lien entre activité syndicale, qui devient l'appartenance, et on y ajoute les personnes morales, c'est-à-dire le syndicat lui-même. Ce qui m'inquiète c'est qu'on a le sentiment qu'on stigmatise l'action syndicale, le fait d'être adhérent d'un syndicat laisserait penser que cela pourrait être associé à des impératifs de sécurité intérieure, de lutte contre le terrorisme, de violences urbaines. Il faut que le gouvernement cesse de jouer avec le feu.
Gérald Darmanin a déclaré qu'il fallait savoir qui on surveille. Qu'en pensez-vous ?
Je suis assez frappé par les derniers termes que je viens d'entendre de sa part. Je me suis adressé à la ministre du Travail parce qu'il y a deux aspects importants dans l'un des décrets. On passe d'activité à opinion ou conviction. On nous dit que c'est dans le RGPD [Réglement général européen sur la protection des données], mais il protège du risque d'être mis en cause du point de vue de ses données personnelles en raison de ses opinions.
Peut-on surveiller tout le monde ?
N'importe qui n'a pas à être surveillé. On surveille des gens dont on suppose qu'ils sont potentiellement impliqués dans des actes délictueux quels qu'ils soient. Cela fait partie de l'organisation de la sécurité, mais sous le contrôle de la justice. C'est là aussi un problème avec ces fichiers. Qui contrôle qui on met dans ces fichiers, dans quelles conditions et pour quelles raisons. Compte tenu des circonstances, il faut qu'ils soient retirés au moins sur les aspects sur lesquels j'ai attiré l'attention de la ministre.
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