"On est chez nous" : manifestation et propos xénophobes à Ajaccio
Les condamnations des politiques locaux, les barrages de police pour empêcher les manifestants de monter dans le quartier des Jardins de l'empereur, les cordons de CRS n'ont pas freiné les manifestants samedi, à Ajaccio. Ils étaient 300, à pied, pour monter en haut de la colline en brandissant des drapeaux corses.
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"On est chez nous"
C'est le slogan le plus entendu dans ce rassemblement, qui devait dénoncer l'agression de deux pompiers et d'un policier jeudi soir. Les manifestants voulaient aussi faire comprendre qu'aucun quartier ne devait devenir une zone de non droit, sur l'île de beauté.
"On montre qu'on est pas d'accord avec tout ça. On ne veut pas de zone de non droit et on ne veut pas de voyous. Si la police et le gouvernement ont baissé les bras, nous, on est toujours là et on ne se laissera pas faire" , expliquent Antoine et Dominique, leaders improvisés du mouvement.
Antoine fait partie de ceux qui ont empêché que la situation dérape, appelant plusieurs fois au calme les plus agités. Eux prononcent des slogans clairement xénophobes comme "Arabi fora !" (Les arabes dehors). "On les emmerde, ici on est en Corse", crie une manifestante. La plupart des habitants se retranchent chez eux, ferment leurs volets en entendant les pétards et la foule monter. Une poignée d'autres se mettent au balcon et applaudissent.
Dialogue impossible
Et puis, une septuagénaire sort et tente de relancer le dialogue. "Il y a des gens bien", tente-t-elle.
"Ne venez pas me dire qu'il y a des arabes gentils, ils sont tous les mêmes, lui répond un manifestant. Ils sont tous les mêmes, des terroristes. Nous on ne veut pas du Bataclan ici, le Bataclan c'est nous qui allons leur faire."
Le groupe décide ensuite de faire le tour de tous les quartiers sensibles d'Ajaccio pour mettre en garde "les racailles", une formule utilisée de nombreuses fois. Quand on parle de racisme aux meneurs, ils répondent qu'ils "ratissent large, effectivement". "75% de la population carcérale sont des musulmans, alors je les mettrai dedans aussi".
"Un avertissement"
Lorsqu'un projectile est lancé depuis un immeuble du quartier des Cannes, les manifestants enfoncent une porte et brisent deux vitres. "Rien de scandaleux, juste un avertissement, selon Stéphane. Il faut savoir de temps en temps descendre dans la rue pour mettre le holà. Nos forces de l'ordre sont compétentes mais si, de temps en temps, on ne fait pas nous-mêmes des actions, il n'y a plus de respect. (...) On a des valeurs et on ne peut pas laisser passer certaines choses".
Après plus de quatre heures de marche, direction la préfecture. Le Préfet reçoit quatre représentants du mouvement et leur demande de "cesser leurs démonstrations".
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