Michel Fourniret : procès hors-normes dans les Ardennes
A partir de ce jeudi, et pendant deux mois, la ville de Charleville-Mézières (Ardennes, 51.300 habitants) va vivre un procès placé sous haute-surveillance et fortement médiatisé. La cité d’Arthur Rimbaud sera désormais aussi celle de l’"ogre des Ardennes" : Michel Fourniret répond, aux côtés de sa femme Monique Olivier, de sept meurtres de jeunes femmes commis en France et en Belgique (1987-2001) ainsi que de tentatives d’enlèvements et de viols sur trois autres victimes.
Situé dans l’ancienne Mézières, commune rattachée en 1966 à celle de Charleville pour former Charleville-Mézières, le palais de justice et ses abords font l’objet de mesures de sécurité renforcées. Quelque 70 CRS assurent la surveillance du tribunal, dont l’accès est limité et dont une partie des fonctionnaires a été délocalisée.
Les forces de l’ordre assurent également la sécurité de la maison d’arrêt, située en centre-ville, où des travaux ont été spécialement effectués pour réserver une aile entière à la détention du couple Fourniret. Enfin, une équipe du GIPN s’occupe de la sécurité rapprochée du couple de prévenus lors des transferts au tribunal, qui s’effectueront chaque jour selon un parcours différent.
L’un des avocats des parties civiles, maître Didier Seban, a par ailleurs réclamé des mesures spécifiques "pour éviter un éventuel suicide", comme ce fut le cas en octobre 2003 à Reims, à la veille de l’ouverture du procès du tueur en série présumé Pierre Chanal. De leurs côtés, les avocats belges ont demandé à ce que leurs frais soient pris en charge par l’Etat français, comme cela se fait en Belgique.
300 journalistes d’une dizaine de pays
Entièrement rénovée dans la perspective de ce procès, la salle d’audience est équipée de quatre caméras permettant la retransmission des débats sur écran géant dans une salle ouverte au public et à la presse. Un immense chapiteau dressé sur le parvis du Palais de justice permettra également aux 300 journalistes et techniciens accrédités, originaires d’une dizaine de pays, de suivre les débats sur écran géant.
Les victimes vont bénéficier d’une assistance psychologique. Elles sont prises en charge par des associations locales spécialisées, sous l’égide de l’Institut national d’aides aux victimes et de médiation (INAVEM). Le sous-sol du tribunal a été spécialement aménagé et des financements ont été débloqués pour l’accueil matériel des familles.
Située à 15 km de la frontière belge, la ville de Charleville-Mézières avait été choisie en 2005 par les justices belge et française pour la tenue d’un procès unique "franco-belge". Le coût total du procès est estimé par la garde des Sceaux Rachida Dati à près de deux millions d’euros.
Gilles Halais avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.