Isère : le meurtrier de deux petites filles identifié 20 ans après grâce à son ADN
Aujourd'hui âgé de 37 ans, cet homme a été mis en examen pour "assassinat et tentative de viol sur mineur de 15 ans".
L'enquête n'avait rien donné. Ce sont les progrès de la science qui ont permis de confondre l'auteur présumé du meurtre de deux fillettes en 1991 et 1996. Un homme de 37 ans a été interpellé mardi à son domicile de Voreppe (Isère), révèle Le Dauphiné libéré, puis mis en examen, jeudi 25 juillet.
L'homme avait été placé en garde à vue dès mardi dans les locaux de la section de recherches de Grenoble et a été présenté jeudi matin au juge d'instruction chargé de l'affaire. D'après le quotidien régional, des analyses effectuées par un laboratoire de Bordeaux ont permis d'identifier ce suspect à partir d'ADN et d'empreintes digitales. Selon Le Parisien, il avait été mis en cause dans une affaire de délinquance routière et fiché, ce qui a permis le recoupement.
Deux fillettes tuées à cinq ans d'intervalle
Le 16 avril 1991, Sarah Syad, 6 ans, avait disparu alors qu'elle jouait près de son domicile, à Voreppe. Elle avait été retrouvée étranglée dans un bois non loin de chez elle. Pour cette mise en examen, le procureur a retenu les chefs de "tentative de viol sur mineur de 15 ans" et "assassinat".
Le suspect a été de nouveau mis en examen jeudi après-midi après avoir été entendu par la juge sur une deuxième affaire : le meurtre de Saïda Berch, 10 ans. La fillette avait disparu le 24 novembre 1996 entre son domicile et un gymnase à Voreppe. Son corps avait été retrouvé au bord d'un canal. L'homme "ne reconnaît pas avoir intentionnellement donné la mort. Il dit qu'il ne pensait pas que cette petite fille était décédée et qu'il l'a appris a posteriori", a déclaré son avocat, Emmanuel Decombard. Selon le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, le suspect a affirmé que "c'était un accident, qu'il ne voulait pas lui donner la mort".
Un suspect âgé de 15 ans à l'époque du premier crime
A l'époque de la mort de Saïda, un rapprochement avait été opéré avec le meurtre de Sarah cinq ans plus tôt, les deux corps ayant été retrouvés dans des zones très proches. Les gendarmes étaient alors sur la piste d'un jeune homme, âgé de 13 à 18 ans, circulant à VTT, qui avait été aperçu aux côtés de Saïda peu avant sa mort. Selon Le Dauphiné libéré, l'homme aujourd'hui en garde à vue avait alors été entendu par les enquêteurs, tout comme bon nombre d'habitants.
"Certains frères" de Saïda Berch connaissaient le suspect, qui habite près de chez eux, a précisé l'avocat de la famille de la victime, Arnaud Lévy-Soussan, en évoquant "une espèce de dédoublement de la personnalité quand même inquiétant". Evoquant un"coup de folie", le suspect "se montre effondré et commence à comprendre la réalité de ce qu'on lui reproche", a déclaré son avocat.
L'homme, qui avait 15 ans au moment des faits, est aujourd'hui handicapé, atteint de la maladie de Steinert, qui provoque une dégénérescence musculaire parfois associée à un retard mental. "On a demandé une expertise psychiatrique de toute urgence", a ajouté l'avocat, estimant "possible" que la défense plaide l'irresponsabilité. Il a souligné que son client n'avait "pas le profil d'un assassin". "Il est sans histoires, a une concubine et un enfant de 4 ans, a-t-il souligné. On doit étudier avec sérieux les preuves avancées au niveau scientifique."
Neuf meurtres ou disparitions d'enfants non résolus en Isère
Neuf disparitions ou meurtres d'enfants survenus entre 1983 et 1996 en Isère restent non élucidés. En 2008, le parquet général de Grenoble avait regroupé ces dossiers des "disparus de l'Isère". Les investigations menées à l'époque par la cellule de la gendarmerie Mineurs 38 avaient permis d'écarter l'hypothèse d'un tueur en série pour"l'ensemble" des meurtres ou disparitions de cinq filles et quatre garçons, âgés de 5 à 16 ans. Mais elles n'avaient pas éliminé l'idée d'un auteur commun pour certains meurtres.
L'arrestation du suspect mardi "ouvre un champ de l'enquête et un espoir très important pour les familles", a réagi mercredi soir Didier Seban, avocat de cinq familles de victimes. "L'auteur pourrait être mis en cause dans d'autres affaires de l'Isère", a-t-il estimé, évoquant des similitudes dans les dossiers de "jeunes filles d'origine maghrébine disparues au pied d'une cité". "Comme quoi, il ne faut jamais désespérer de rien", a-t-il ajouté.
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