Grille du ministère de l'Enseignement supérieur forcée à Paris, François Hollande exfiltré à Lille... Les facs mobilisées après l'immolation par le feu d'un étudiant
Les rassemblements ont parfois été émaillés de "violences" et de "dégradations" que condamne la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.
"Un geste désespéré qui en dit long sur notre précarité actuelle" : plusieurs centaines d'étudiants se sont réunis, dans la matinée du mardi 12 novembre, devant le siège du Crous à Lyon, où l'un d'eux s'est grièvement brûlé en s'immolant par le feu vendredi. Touché à 90%, ce jeune de 22 ans est toujours "entre la vie et la mort" à l'hôpital. Après ce geste "extrême" qui illustre une situation de précarité "commune", le syndicat Solidaires étudiant-e-s a appelé à des rassemblements dans une quarantaine de villes.
A Paris, la grille du ministère de l’Enseignement supérieur forcée
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies devant les locaux du Crous, situés dans le 5e arrondissement. Une partie du cortège s'est ensuite dirigée vers le ministère de l'Enseignement supérieur situé juste à proximité, rue Descartes. Plusieurs dizaines de manifestants ont forcé les barrières d'entrée, a appris franceinfo de source policière. Selon des journalistes sur place, ils ont pénétré dans la cour avant de repartir et d'être dispersés par les forces de l'ordre. D'autres ont demandé la démission de Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'innovation.
Occupation pendant plusieurs minutes de la cour du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche à Paris, par plusieurs dizaines de personnes criant « Vidal ! Démission ! ».#laprécaritéTue #Paris #CROUS pic.twitter.com/XLP0qoZvL7
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) November 12, 2019
Le rassemblement devant le #CROUS de Paris est parti en manif sauvage dans le quartier latin. Les manifestants ont forcé et fait tomber la grille de l'entrée du Ministère de l'Enseignement supérieur. Ils ont pénétré dans la cour avant de repartir aussitôt. pic.twitter.com/4tqYf9ERBH
— Pierre Tremblay (@tremblay_p) November 12, 2019
A Lyon, plusieurs centaines de manifestants
La place devant le Crous de Lyon était bondée mardi matin. "Nous ne sommes pas à l'abri d'autres tentatives de suicide", a lancé un militant au haut-parleur. "Nous exigeons une prise de position publique du ministère."
En difficulté financière – il avait perdu sa bourse en "triplant" sa deuxième année de licence à l'université Lyon 2 –, le jeune homme a expliqué son geste dans un message posté sur son compte Facebook. Certains passages de ce texte ont été tagués sur les murs du bâtiment, devant lequel la foule compacte s'est réunie, selon France 3 Rhône-Alpes et une journaliste de Mediapart.
Il y a beaucoup de monde devant le Crous en hommage à l’étudiant qui s’est immolé par le feu à Lyon. pic.twitter.com/LyZJE8IGBZ
— Faïza Zerouala (@faizaz) November 12, 2019
Sophie, étudiante en 3e année de sciences sociales, est venue au rassemblement avec une pancarte. "J'ai eu des gros problèmes de santé l'année dernière, je n'ai pas pu assister à certains examens, à cause de ça j'ai dû redoubler et le Crous m'a coupé les vivres", a expliqué à l'AFP celle qui dit devoir "faire les poubelles pour manger".
A la mi-journée, la manifestation a débordé sur le campus de l'université Lyon 2 et la présidence a annoncé la fermeture administrative de tous les bâtiments "en raison d'un blocage en cours et d'actes de vandalisme".
A Saint-Etienne, 150 personnes réunies
Dans cette ville, d'où l'étudiant immolé est originaire, 150 personnes se sont rassemblées mardi. Un cousin de la victime a salué "son acte héroïque", lançant aux participants : "Continuez à vous battre, c'est ce qu'il voudrait. Qu'il n'ait pas fait ça pour rien."
A Lille, un défilé de 300 à 400 personnes
Dans le Nord, quelque 300 à 400 personnes se sont rassemblées à la mi-journée devant le Crous de Lille derrière des pancartes disant "La précarité tue, la solidarité fait vivre". Les étudiants ont ensuite défilé dans les rues avant de pénétrer dans la faculté de droit.
Mobilisation à #Lille devant les bureaux du #crous suite à l'immolation d'un étudiants lyonnais vendredi dernier. Il expliquait son geste par la #precarite de sa situation (difficultés financières, logement insalubre). pic.twitter.com/LHGK5FC6El
— Nicolas Lee (@Nicolas_Lee_) November 12, 2019
Ces étudiants ont empêché une conférence de François Hollande sur la crise de la démocratie de se tenir, selon les journalistes de La Voix du Nord et de 20 Minutes. Ils ont déchiré des feuilles de plusieurs exemplaires du livre de l'ancien chef de l'Etat, Répondre à la crise, et ont scandé notamment "Lyon, Lyon, ni oubli ni pardon". La conférence a finalement été annulée. Déjà présent dans l'enceinte de la faculté, François Hollande n'est finalement pas apparu devant les étudiants et a quitté les lieux.
Rassemblement en cours à #Lille devant le Crous. Près de 200 étudiants dénoncent la précarité. pic.twitter.com/BpojeC4ctN
— Aude Deraedt (@AudeDeraedt) November 12, 2019
Dans l'amphithéâtre, à #lille2, les manifestants déchirent le livre de François Hollande pic.twitter.com/Kin2MIj3z7
— Aude Deraedt (@AudeDeraedt) November 12, 2019
François Hollande dit "regretter que cette émotion se soit transformée en violence". "Il y a une émotion légitime après le geste désespéré d'un étudiant à Lyon et le président la comprend. Il est compréhensible que certains étudiants se soient saisis de la venue d'un ancien président pour médiatiser leurs revendications", a déclaré un proche de l'ex-chef de l'Etat.
Dans un communiqué diffusé mardi soir, la ministre de l'Enseignement supérieur "condamne fermement les violences et les dégradations qui ont eu lieu aujourd'hui". Frédérique Vidal dénonce "l'intrusion de manifestants dans un amphithéâtre de l'Université Lille II ayant entraîné l'annulation de la conférence que devait y tenir François Hollande".
Des rassemblements aussi à Metz, Nantes, Toulouse...
Des dizaines de personnes se sont également mobilisées dans d'autres villes étudiantes aux abords des Crous et des universités, comme à Metz, Limoges, Nantes, Montpellier ou encore Toulouse. A Pau, une soixantaine de personnes se sont rassemblées, selon France Bleu Béarn.
"Les étudiants qui travaillent la nuit et qui vont en cours le jour, ça existe aussi à Pau", dit le @SESLPau à Pau, ce midi lors d'un rassemblement devant le CROUS, contre la précarité étudiante.
— France Bleu Béarn (@Bleu_Bearn) November 12, 2019
↪️ https://t.co/SfivKiut9W pic.twitter.com/LjoMbqcbi4
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