Lyon : des fossoyeurs détroussaient des cadavres et trafiquaient du marbre
Ils "dépouillaient les morts" de leurs bagues, colliers et dents en or, arrachées à la pince.
Quatre fossoyeurs et un marbrier ont été présentés samedi 21 septembre à un juge lyonnais pour avoir volé des bijoux et des dents en or sur des cadavres et récupéré des stèles pour les revendre, selon la police.
Ils ont été mis en examen pour "vol", "recel" et "atteinte à l'intégrité d'un cadavre" et le parquet a requis leur placement sous contrôle judiciaire, précise le directeur de la Sûreté départementale.
La mise au jour de ces trafics a débuté fin août, lorsqu'une gardienne de cimetière a dénoncé à la directrice des pompes funèbres son ex-compagnon, fossoyeur de 33 ans, considéré par les enquêteurs comme la "tête de réseau". Surveillé, cet homme qui travaillait "dans tous les cimetières de l'agglomération" lyonnaise a été surpris en train de démanteler des caveaux, mettre les stèles et piliers de côté et les livrer à des marbriers avec son camion de service, explique le directeur de la Sûreté départementale. Son ancienne concubine a de son côté été repérée "en train de vendre des dents en or" chez Or en cash, spécialiste du rachat des métaux précieux. Pour l'instant, elle n'a pas été mise en cause judiciairement.
Un "échange de bons procédés"
L'enquête, qui se poursuit sous commission rogatoire et pourrait conduire à d'autres arrestations, a conduit à l'interpellation jeudi de quatre fossoyeurs et d'un marbrier, dont le trafic dure depuis 2009 et ne concerne que les concessions en état d'abandon. Trois des fossoyeurs "dépouillaient les morts" de leurs bagues, colliers et dents en or, arrachées à la pince, alors que le quatrième "ne faisait que dans la marbrerie", détaille le directeur de la Sûreté départementale.
Faute de registre, le produit de leur trafic n'est pas encore connu. Les enquêteurs ont cependant saisi "une enveloppe de 2 000 euros" remise en échange de l'or, principalement revendu à "des gens du voyage sédentarisés", et surpris "une transaction à 600 euros" en échange du marbre. Chez le marbrier interpellé, ils ont placé sous séquestre "1 500 mètres carrés de marbre dont la provenance est douteuse". Poli et retaillé, le marbre était revendu comme neuf à des familles endeuillées. La loi impose en principe la destruction des monuments et emblèmes funéraires restés sur une concession abandonnée, qui doivent être concassés, tandis que les corps exhumés doivent être incinérés, selon le responsable de l'enquête.
Entendus par la police, les cinq suspects ont reconnu les faits mais affirment que ce "recyclage" du marbre était "une pratique institutionnalisée" et gratuite, considérée comme un "échange de bons procédés" entre fossoyeurs et marbriers.
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