Les quatre énigmes autour des ossements retrouvés près du cap d'Antibes
Un humérus appartient, a priori, à Stéphane Hirson, un jeune homme de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) porté disparu début 1994. Les autres os proviennent de corps non identifiés.
L'affaire n'aurait peut-être jamais rebondi sans cette découverte totalement fortuite. Un humérus (bras) appartenant, a priori, à Stéphane Hirson, un jeune homme de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) porté disparu début 1994, a été retrouvé en février dernier dans la Méditerranée, près de côte et du Cap d'Antibes, à six mètres de profondeur. L'information n'a été communiquée par les autorités judiciaires que le mardi 5 novembre. D'autres ossements, appartenant à trois autres personnes, ont été extraits de l'eau en même temps.
"Il y a mille questions dans cette affaire", a reconnu le procureur de Grasse, Georges Gutierrez, qui va ouvrir une information judiciaire pour homicides volontaires, séquestrations, enlèvements et recels de cadavres. Francetv info liste les quatre principales énigmes de cette découverte.
Pourquoi ces ossements ont-ils été découverts à Antibes?
C'est l'une des questions principales de l'enquête, qui s'annonce longue et difficile. Blond aux yeux bleus, Stéphane Hirson a disparu le 11 février 1994, peu avant ses 18 ans, en région parisienne. Comment l'un de ses humérus peut-il se retrouver par six mètres de fond au large du cap d'Antibes vingt ans plus tard ?
(ESTELLE MAGARNER / AFP)
Comme le raconte France 3 Côte d'Azur, c'est un plongeur professionnel d'oursins qui fait la macabre découverte le 10 février dernier, en contrebas d'une falaise, à hauteur du chemin des douaniers. Il aperçoit un crâne et plusieurs os, pouvant appartenir à des humains. Prévenue, la brigade nautique de la gendarmerie d’Antibes remonte les ossements le 27 février.
Des recoupements ADN sont faits avec des proches de disparus. En ressort une correspondance entre l'ADN d'un des deux humérus retrouvés et celui de la mère de Stéphane Hirson, qui avait été prélevé il y a quelques années. Des analyses complémentaires doivent être menées.
Selon le procureur, Stéphane Hirson n'avait "pas de raison de venir sur la Côte d'Azur, mais il semble qu'il avait exprimé son vœu d'aller en Espagne". Sa mère, séparée du père, vit d'ailleurs aujourd'hui en Espagne. Mais "la famille n'a aucune attache dans le Sud-Est. Est-ce que les quatre personnes retrouvées ont des liens entre elles ?" se demande Claudine, la tante du disparu, sur RTL.
Que signifie l'inscription "Mort aux pédophiles" sur le crâne ?
C'est l'autre énigme de cette affaire. Le crâne découvert dans l'eau porte une inscription à la main, à l'encre indélébile "Mort aux pédophiles". Elle est légèrement effacée en raison de son séjour dans la Méditerranée.
Par ailleurs, "il y avait une cible tracée sur ce crâne à l’image d’une cible de tir", confie une source proche de l’affaire au Parisien. Quand ces inscriptions ont-elles été tracées ? Des analyses supplémentaires devraient pouvoir permettre de les dater.
Si Stéphane Hirson "n'avait pas de raison connue de venir dans la région d'Antibes", il n'était pas non plus "lié à des affaires de pédophilie", a précisé le procureur. Aîné de trois enfants, le jeune homme, qui avait arrêté ses études en 3e, voulait être ébéniste. Il avait fait "un séjour à l'hôpital psychiatrique mais c'était pour des crises de nerfs", se souvient sa cousine, Valérie Cornier. "Ce n'est pas qu'il était déséquilibré, il avait juste des moments de colère."
Combien de temps les ossements sont-ils restés dans l'eau ?
Selon les premières analyses pratiquées sur ses ossements, ils auraient séjourné au moins dix ans dans l’eau de mer, indique Le Parisien. D'autres investigations techniques viseront à préciser cette durée. Selon une gendarme interrogée par France 3, les os étaient blancs et bien conservés.
"Je pense que l'on pourra dater avec des expertises le temps que le crâne a passé sous l'eau", a expliqué le procureur. Des recherches en mer devraient également être entreprises pour tenter de retrouver d'autres ossements potentiellement entraînés plus loin par les courants.
Pour l'instant, la famille de Stéphane Hirson tente de garder espoir. "Un seul os lui appartenant a été retrouvé. On peut vivre sans cette partie du corps. Ce n’est pas le crâne, ni une partie vitale du corps. L’espoir fait vivre. Mais évidemment, je ne suis pas naïve, il s’amenuise", confie sa cousine à 20 Minutes.
A qui appartiennent les autres restes ?
Au total, un fémur masculin, deux humérus (masculin et féminin), un crâne masculin portant l'inscription sur le front "mort aux pédophiles" ainsi qu'une partie de mandibule ont été sortis de l'eau.
"Aucun ADN, hormis celui du jeune homme, ne correspond à des personnes connues", a expliqué Georges Guttierez. "On sait pour l'instant que le fémur et les humérus appartenaient à des individus âgés de moins de trente ans et que la crâne était celui d'un adulte de moins de 50 ans". Les analyses sur le morceau de mandibule – l’os formant la mâchoire inférieure – n'ont en revanche rien donné.
Il y aurait au moins deux autres victimes potentielles, un hommes et une femme. "Pourquoi trouve-t-on un seul os par personne et pas les autres parties de leurs squelettes ? Ont-elle été tuées volontairement ?" s'est interrogé le procureur mercredi, se disant très troublé par cette affaire.
La famille de Stéphane Hirson, qui a appris la nouvelle par des journalistes, est quant à elle abasourdie. Depuis la disparition du jeune homme, qui devait se rendre à l'ANPE avec un ami ce jour-là, ses proches ont eu l'impression, pendant vingt ans, de "se battre contre des montagnes" et de n'avoir "jamais été prise au sérieux" par la police.
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