Les peines-plancher accusées d'augmenter la surpopulation carcérale
Maison d'arrêt de Dijon : 280 prisonniers pour une capacité de 165 personnes. "Les détenus dorment à même le sol" dénonce l'UFAP, le principal syndicat de personnels pénitentiaires.
Quartier hommes de la maison d'arrêt de Valence : 157 détenus pour 80 places. Début mars, un prisonnier de 19 ans y a été tué, vraisemblablement par son codétenu. Quelques semaines plus tard, deux détenus tentent de mettre fin à leurs jours.
Maison d'arrêt de Gradignan, près de Bordeaux : 870 prisonniers pour 411 places. Dans ce qu'on appelle les chauffoirs, 6 à 7 détenus s'entassent. Dans les cellules prévues pour deux, il faut faire de la place pour une troisième personne. "On est au bord de l'explosion", assure le secrétaire local de l'UFAP/UNSA, Alain Guillemet.
Une liste qui pourrait être encore être très longue. Car les maisons d'arrêt françaises souffrent toutes d'un problème de surpopulation. En novembre dernier, plus de 62.000 personnes étaient incarcérées en France, pour 51.000 places. Taux moyen d'occupation : plus de 120%. Un niveau jamais atteint depuis mi-2004.
Une situation qui n'est pas nouvelle, mais qui est exacerbée par l'instauration des peines-plancher, affirme l'UFAP. Mises en place en août dernier, ce dispositif prévoit un quantum de peine selon les antécédents judiciaires du prévenu.
Selon Pierre-Victor Tournier, chercheur au CNRS, les peines-plancher entraîneront l'entrée de 10.000 nouveaux détenus dans les prisons françaises d'ici 2012. Un défi que les établissements pénitentiaires ne sont pas prêts à relever.
Pour éviter l'explosion, la garde des Sceaux Rachida Dati s'est prononcée en faveur d'une mesure d'assignation à résidence
des prévenus "sous conditions", alternative à la détention provisoire. Cette mesure s'inscrira dans le projet de loi sur la réforme de l'administration pénitentiaire qui sera
soumis en juin au Parlement.
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