Le récidiviste Francis Evrard devant les assises pour viol
C'était le 15 août 2007. L'alerte enlèvement est rapidement déclenchée après l'enlèvement d'Enis, jeune garçon de 5 ans, à Roubaix. L'homme arrêté n'était pas un inconnu des services de police. A 63 ans, Francis Evrard a déjà écopé de 3 condamnations pour attentats à la pudeur ou viols.
Au moment de l'enlèvement et du viol d'Enis, Francis Evrard était sorti de prison depuis un peu plus d'un mois. Il avait été libéré le 2 juillet de la prison de Caen, où il venait de purger une peine de 18 ans de prison pour le viol de deux autres garçons.
_ Cette fois, c'est la perpétuité qu'encourt Francis Evrard.
Le 15 août 2007, l'enfant et son agresseur avaient été retrouvés peu après minuit dans ce garage loué par Evrard, partiellement dénudés, grâce à des témoignages qui avaient permis le déclenchement du plan alerte-enlèvement. Evoquant des “pulsions”, Francis Evrard avait reconnu les attouchements et le viol par pénétration digitale, avant de se rétracter. Sa demande de requalification des faits en attouchements sexuels a été rejetée.
Le calvaire du petit Enis avait relancé le débat sur le contrôle des délinquants sexuels à leur sortie de prison alors qu'Evrard était soumis depuis sa libération à une “surveillance judiciaire” qui s'est révélée inopérante.
_ L'enquête avait révélé par ailleurs qu'il avait obtenu d'un médecin de la
prison de Caen une ordonnance pour du Viagra, dont une plaquette entamée avait été retrouvée dans le garage de Roubaix.
Francis Evrard a récemment écrit au président Nicolas Sarkozy pour lui demander de l'autoriser à “subir une ablation des testicules par chirurgie”, une pratique interdite en France. “A mon âge actuel, je n'en souffrirai pas et cela empêchera mes tendances envers les enfants”, affirmait-il dans une lettre datée du 21 septembre. Pour le père d'Enis, Mustafa Kocakurt, Francis Evrard “se fout de la gueule du monde. Il essaie de se faire passer pour un martyr” à quelques jours de son procès.
Selon l'accusation, Evrard avait commencé en 2004 un traitement de castration chimique dans le seul but de bénéficier d'un aménagement de peine et l'avait interrompu en apprenant que sa demande de libération conditionnelle avait été rejetée. A l'époque des faits, le président de la République Nicolas Sarkozy avait annoncé la création de la loi sur la rétention de sûreté qui permet de maintenir en détention les personnes condamnées à 15 ans de prison ou plus à la fin de leur peine si elles sont toujours considérées dangereuses.
Pour Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), “la loi (sur la rétention de sûreté) n'a été faite que pour montrer à l'opinion publique que le gouvernement faisait quelque chose”. “Ce qui nous pose problème, on l'a vu récemment avec la joggeuse (enlevée, violée et tuée par un récidiviste en septembre dans l'Essonne, ndlr), c'est que les gens ne sont pas suivis dès leur entrée en prison sur le plan psychiatrique. Si on veut minimiser la récidive, il faut nous donner les moyens de fonctionner”, estime-t-il.
_ Un nouveau projet de loi sur la récidive devrait être prochainement examiné par la commission des Lois de l'Assemblée nationale avant la fin octobre.
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