Le procureur général de Versailles souhaite le dépaysement du dossier Bettencourt
"Le climat qui règne à Nanterre (...) n'est pas compatible avec une justice sereine", déclarait ce matin l'ancien Garde des Sceaux socialiste, Robert Badinter. Comme un écho à ce jugement sévère, quelques heures plus tard le parquet de Versailles demandait l'ouverture d'une information judiciaire. L'objectif du procureur général de Versailles : résoudre le problème posé pour "l'image de la justice" par le conflit opposant à Nanterre (Hauts-de-Seine), lieu actuel des procédures, la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez et le procureur Philippe Courroye.
Cette information judiciaire sur l'ensemble des enquêtes préliminaires de l'affaire Bettencourt est un passage obligé pour permettre la désignation d'un juge d'instruction. Deuxième conséquence : la Cour de cassation pourrait ensuite décider de transférer les dossiers dans une autre juridiction. Cet ordre qui lui est adressé est une mauvaise nouvelle pour le procureur Courroye.
Philippe Courroye mène trois enquêtes. Une première sur le contenu d'enregistrements réalisés chez Liliane Bettencourt; une deuxième, qui met en cause le ministre du Travail Eric Woerth, sur du financement politique illégal; une dernière pour atteinte à la vie privée. Pour les trois il a toujours refusé d'ouvrir des informations judiciaires et de lâcher ses dossiers.
Le supplément d'enquête pour "abus de faiblesse" de la juge Isabelle Prévost-Desprez serait aussi concerné par un dépaysement. Cette décision du parquet peut donc entraîner un changement complet des magistrats qui gèrent cette affaire complexe. La décision de la Cour de cassation sera définitive, rappelle le procureur de Versailles Philippe Ingall-Montagnier. "Il est à souhaiter que dès lors, on laissera la justice remplir sa mission en toute indépendance et sérénité d'esprit", dit-il.
Allusion à peine voilée à l'ambiance délétère qui règne à Nanterre... Le procureur Courroye a en effet fait examiner les relevés détaillés de communications téléphoniques de deux journalistes du Monde -une méthode qui pourrait s'avérer illégale - pour porter une accusation de "violation du secret de l'enquête" contre Isabelle Prévost-Desprez.
Caroline Caldier, avec agences
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