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Le fichier expérimental "Ardoise" suspendu

La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a décidé cet après-midi de suspendre l'expérimentation du logiciel "Ardoise", utilisé par les policiers pour collecter des renseignements sur les victimes et les auteurs d'agressions. Il a suscité une levée de boucliers des associations. Elles dénonçaient des atteintes à la vie privée.
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Après une semaine de polémique, Michèle Alliot-Marie a tranché : l'expérience est suspendue. “Ardoise” retourne dans les cartons. La ministre a également souhaité réfléchir à la pertinence des critères retenus pour ce logiciel au regard des besoins d'enquêtes.

Michèle Alliot-Marie “a entendu les craintes qui se sont manifestées en raison de (ces) critères”, justifie son cabinet.

Le ministère annonce qu'une réflexion a été engagée pour réétudier les besoins des fonctionnaires au cours de leurs enquêtes, “avec le respect des libertés individuelles”.

Le logiciel devait alimenter un fichier commun police-gendarmerie. Il permettait aux fonctionnaires de collecter des informations sur les victimes et les auteurs - présumés ou avérés - de délits. Ainsi pouvait-on cliquer sur des catégories proposées par le logiciel comme “sans domicile fixe”, “personne âgée”, “homosexuel”, “transexuel”, “permanent syndical” etc.

Ce sont précisément ces catégories qui ont suscité le tollé syndical et associatif. Le collectif contre l'homophobie avait saisi la Halde, craignant des “usages discriminatoires”. L'union des étudiants juifs de de France dénonçait la constitution d'un “fichier catégoriel”. Les syndicats de policiers s'en sont également ému, y compris Alliance, classé plutôt à droite. Le logiciel “ne doit pas remettre en cause les droits fondamentaux des personnes” et “mettre en porte-à-faux les policiers”, écrivait le syndicat. Les Verts et le PS s'étaient joint au concert de protestation et la commission informatique et liberté (Cnil) a fini par “demander des précisions”. Face à cette levée de boucliers, le ministère de l'Intérieur a donc préféré faire machine arrière.

Grégoire Lecalot, avec agences

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