Le chef présumé de l'ETA militaire arrêté en France
Garikoïtz Aspiazu Rubina, alias “Txeroki”, était l'homme le plus recherché du pays basque. Il est soupçonné d'avoir abattu deux gardes civils espagnols le 1er décembre 2007 à Capbreton, dans les Landes. Et surtout il est le chef présumé des commandos d'ETA, incarnant l'aile radicale de l'organisation terroriste. C'est elle qui a fait capoter le processus de dialogue engagé par le gouvernement Zapaterro en profitant du “cessez le feu permanent” pour organiser l'attentat de l'aéroport de Madrid en décembre 2006 (deux morts).
_ “Txeroki” a été arrêté cette nuit, vers 3 h 30, à Cauterets, dans les Hautes-Pyrénées, en compagnie d'une femme dont l'identité n'a pas été divulgué.
La perquisition est toujours en cours, à Cauterets. Une arme de poing, un ordinateur et de faux documents ont été saisis pour le moment.
_ L'étarra a été repéré il y a quelque jours par les policiers, a raconté la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie.
Félicitant l'ensemble des services de police impliqués (SDAT, sous-direction anti-terroriste, et DCRI, direction centrale du Renseignement intérieur), la ministre estime que cette arrestation “illustre une nouvelle fois l'excellente collaboration entre la France et l'Espagne dans la lutte contre le terrorisme basque”.
Selon l'agence de presse basque Vasco press, qui s'appuie sur une source proche de l'enquête, Txeroki aurait été trahi par la fausse plaque d'immatriculation de sa voiture. Immatriculée en région parisienne, elle ne comportait que deux lettres, alors que les plaques parisiennes en portent toutes trois depuis plusieurs années.
C'est en tout cas un gros poisson que les policiers auraient pris dans leurs filets. Garikoïtz Aspiazu Rubina est l'un des piliers de la ligne dure de l'ETA, hostile à toute solution négociée avec Madrid.
Il serait le responsable de l'échec du processus de dialogue engagé par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapaterro. Loin d'appliquer le cesse-le-feu permanent, il en a profité pour remonter une “nouvelle ETA”, avec les jeunes issus de la kale borroka, la guérilla urbaine orchestrée au Pays Basque espagnol et en Navarre par les jeunes radicaux proches de l'ETA.
C'est en s'appuyant sur cette organisation rajeunie et radicalisée qu'il aurait co-organisé l'attentat de l'aéroport de Madrid, coulant le processus de dialogue controversé engagé par le gouvernement.
Le coup de filet de ce matin se double d'une autre arrestation, mais en Irlande du Nord, à Belfast. Il s'agit d'un ex-membre d'ETA qui avait disparu après sa libération polémique en août. José Ignacio de Juana
Chaos, 53 ans, est connu comme l'un des membres les plus sanguinaires de l'organisation séparatiste. Il a passé 21 ans en prison pour 25 assassinats. Il ne s'est pas présenté à la convocation d'un juge espagnol.
_ Juan Chaos avait écopé de 3.000 ans de prison (réduits de fait à 30). Par le jeu des remises de peine, il est sorti l'été dernier, au grand scandale des associations de victimes.
Grégoire Lecalot, avec agences
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