La récidive au coeur du procès du meurtre de la joggeuse de Milly-la-Forêt
Enfermée dans le coffre de la voiture de son ravisseur, Marie-Christine Hodeau avait réussi grâce à son téléphone portable à donner aux gendarmes des informations qui conduiront à l'arrestation du suspect trois heures plus tard. Trop tard, hélas. Le corps dénudé de cette assistante maternelle de 42 ans, partie faire son jogging vers Milly-la-Forêt ce 28 septembre 2009, sera retrouvé deux jours plus tard, caché sous des branchages. Ce sont les indications du suspect, Manuel Da Cruz, 47 ans à l'époque des faits, qui ont permis cette découverte. Il l'avait ligotée à un arbre, mais elle a réussi à se libérer. Son ravisseur l'a rattrapée et l'a étranglée.
Manuel Da Cruz reconnaît rapidement, l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de Marie-Christine Hodeau. Il faudra près d'un an pour qu'il reconnaisse aussi le viol. Des témoignages, des prélèvements ADN et d'autres preuves scientifiques l'accablent.
A l'époque, l'affaire avait beaucoup ému. Nicolas Sarkozy avait même reçu la famille de la victime à l'Elysée. Ce qui a provoqué l'indignation de beaucoup, c'est que Manuel Da Cruz a déjà été condamné pour un crime sexuel : le viol d'une adolescente en 2002. Il était sorti de prison en 2007.
Sous l'impulsion du chef de l'Etat, le gouvernement s'est appuyé sur ce fait divers pour faire voter la loi de mars 2010 sur la récidive criminelle. Des syndicats de magistrats et la gauche avaient dénoncé une démarche jugée démagogique, accusant la majorité de faire une loi à chaque fait divers dramatique, sans tenir compte de l'arsenal légal déjà existant et pas toujours appliqué faute de moyens. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, avait de son côté critiqué la décision d'un juge de remettre Manuel Da Cruz en liberté, affirmant que le drame aurait pu être évité, et plaidant pour la castration chimique des criminels sexuels, qui sera prévue par la loi.
Selon la loi de mars 2010, si Manuel Da Cruz est reconnu coupable, il sera alors en état de récidive criminelle. Et il risque cette fois la réclusion criminelle à perpétuité.
Grégoire Lecalot, avec agences
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