La CGT fait expulser des sans-papiers à Paris
La rue Charlot, dans le IIème arrondissement de Paris, était un cas de conscience pour la CGT. Des groupes de sans-papiers - jusqu'à 200 personnes - occupaient depuis 14 mois des locaux de la Bourse du travail attribués au syndicat. Cette action avait été engagée en mai 2008 par la coordination 75 des sans-papiers dans le but d'aider à leur régularisation.
Mais l'opération s'enlise. Selon un responsable de Bourse du travail, la coordination refuse les solutions avancées par la CGT et d'autres syndicats : “toutes les propositions qui leur ont été faites pour les aider n'ont pas abouti et nous avons décidé de mettre un terme à une occupation qui était devenue un squatt, ce que nous trouvons tout à fait injuste, la CGT ayant été en première ligne pour la régularisation de travailleurs sans papier.”, explique Bernadette Citot, de l'Union départementale CGT.
Militants musclés
En pointe dans le combat des sans-papiers, le syndicat n'en voulait pas moins récupérer ces locaux au cœur de Paris. Les négociations ayant échoué, il a décidé de passer à la manière forte et c'est un autre visage de la CGT qu'ont découvert les sans-papiers hier matin : celui de militants musclés et équipés pour la circonstance. Les équipes du syndicat ont débarqué vers 11h30 dans les locaux et le ton est monté. Les sans-papiers ont résisté, jetant du matériel par les fenêtres.
Face aux risques de bagarres, le syndicat décide de se tourner vers la mairie de Paris, propriétaire des lieux, et vers la police. Une centaine de policiers prennent alors position à proximité, et une négociation démarre. Finalement, les sans-papiers acceptent de quitter le bâtiment. Mais la situation reste tendue. Les policiers ont même fait un moment usage de gaz lacrymogènes.
Les responsables de la Bourse du travail se félicitent que la police ne soit pas intervenue et ils soulignent qu'ils avaient “insisté auprès de la police pour dire qu'il était hors de question de cueillir les sans-papiers à la sortie”, selon l'un d'eux, Edgar Fisson.
Les sans-papiers, eux, ont pu récupérer leurs affaires, mais leur errance reprend. Certains, pourtant, affirment travailler depuis plusieurs années en France.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.