L'affaire Banier-Bettencourt au grand jour devant la justice
Grand déballage en perspective... à moins d'un report du procès, de plus en plus plausible.
_ Voici donc le procès de l'affaire Banier-Bettencourt - ou comment le photographe aurait profité de la fragilité de la milliardaire pour se faire remettre près d'un milliard d'euros dans les années 1990 et 2000. François-Marie Banier encourt jusqu'à trois ans de prison, 375.000 euros d'amende et la rétrocession des sommes obtenues.
Mais l'audience aujourd'hui, devant le tribunal correctionnel de Nanterre, devrait rapidement tourner court : l'avocat du photographe a demandé le renvoi de l'audience ; ni celui de Liliane Bettencourt ni celui de sa fille ne s'y opposeront.
_ Un report du procès est donc de plus en plus plausible. Report pour complément d'enquête : la publication, récemment, d'enregistrements pirates - qui accréditent l'hypothèse d'une fragilité psychologique chez Liliane Bettencourt - a considérablement modifié la donne.
Ces enregistrements ont montré que Liliane Bettencourt possédait deux comptes en Suisse, et que l'île d'Arros, aux Seychelles, non déclarée au fisc, ne lui appartiendrait plus ; que le nouveau propriétaire serait Banier.
Soupçons de fraude fiscale et de complaisance. L'affaire de famille est devenue affaire d'Etat. Le ministre du Travail, Eric Woerth, est mis en cause à plusieurs titres. Indirectement, parce que sa femme travaillait pour Clymène, la holding qui gère les dividendes de Bettencourt. Directement, parce que Woerth aurait bénéficié des largesses de Bettencourt - plusieurs chèques, adressés à l'UMP dont il est le trésorier, ou au parti qu'il a lui-même créé.
Plus troublant, le parquet de Nanterre a transmis début 2009 à Bercy des éléments dévoilant des avoirs cachés à l'étranger. Il n'y a jamais eu de poursuites.
Ces révélations auront en tout cas eu un effet bénéfique : Liliane Bettencourt a annoncé la régularisation fiscale de ses avoirs à l'étranger - avant que le ministre du Budget n'annonce qu'elle ferait l'objet d'un contrôle fiscal.
Difficile, dans ce climat délétère, d'espérer que les débats puissent se tenir de manière sereine devant le tribunal...
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