Karachi : le parquet ouvre une enquête préliminaire après les écoutes téléphoniques
Dans un communiqué, le parquet précise que cette enquête préliminaire sera confiée au directeur central de la police judiciaire.
Le parquet précise avoir pris cette décision après avoir pris connaissance des récents actes d'exécution de la commission rogatoire délivrée par les juges d'instruction chargés du volet financier de l'affaire Karachi, “notamment des comptes rendus d'écoutes téléphoniques réalisés sur le téléphone de l'un des mis en examen”.
Selon certaines de ces écoutes téléphoniques, Brice Hortefeux aurait appelé le 14 septembre Thierry Gaubert pour l'informer de déclarations aux enquêteurs d'un témoin qui n'était autre que l'épouse de ce dernier, la princesse Hélène de Yougoslavie.
“Parce que elle balance beaucoup apparemment Hélène”, aurait averti M. Hortefeux lors de cette conversation avec Thierry Gaubert.
Conseiller de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était ministre du Budget, Thierry Gaubert a été mis en examen mercredi par le juge Renaud Van Ruymbeke pour recel d'abus de biens sociaux dans le volet financier de l'affaire Karachi.
“Mais alors qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi parce qu'elle ne me dit rien”, demande Gaubert à propos de sa femme, selon la retranscription de ces écoutes. Réponse d'Hortefeux: “Si, euh, euh, mais ça m'embête de te le dire par téléphone”.
L'ancien ministre de l'Intérieur a “démenti catégoriquement avoir eu quelque information que ce soit issue de la procédure judiciaire en cours” et demandé à être entendu par la justice.
Les propos de l'ancien ministre de l'Intérieur, désormais conseiller politique de Nicolas Sarkozy, pourraient indiquer qu'il disposait d'éléments sur la déposition de la princesse Hélène de Yougoslavie, en instance de séparation avec M. Gaubert.
Initialement, l'opposition de gauche et les syndicats de magistrats réclamaient l'ouverture d'une enquête pour violation du secret de l'instruction visant directement l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, qu'ils accusent d'avoir bénéficié de fuites sur les écoutes réalisées dans l'enquête.
Le Parti socialiste a demandé aujourd'hui au chef de l'Etat de “s'expliquer”, le député PS André Vallini réclamant de son côté “l'ouverture d'une enquête” sur une éventuelle violation du secret de l'instruction.
La justice soupçonne l'existence de possibles rétrocommissions, liées à deux contrats d'armements, Agosta et Sawari II, signés en 1994 par le gouvernement d'Edouard Balladur. Des rétrocommissions qui auraient pu alimenter le financement de la campagne de l'ancien Premier ministre pour la présidentielle de 1995. Nicolas Sarkozy était son porte-parole de campagne.
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