Karachi: François Léotard lie l'attentat à l'arrêt des commissions
François Léotard considère que “la décision qui a été prise par
le président Jacques Chirac d'arrêter le versement des commissions a pu être en quelque sorte le détonateur de cet attentat,” a déclaré son avocat à la presse.
L'arrêt du versement de ces commissions serait, selon M. Léotard,
“le résultat d'une guerre de trente ans qui existe au niveau de la
droite”, a rapporté l'avocat.
_ François Léotard a par ailleurs “juré sur son honneur qu'aucun
financement de la campagne du Parti républicain n'avait été fait”, a poursuivi Me Morice. Selon ce dernier, M. Léotard a nié l'existence de
rétro-commissions.
L'ancien ministre estime que l'arrêt des commissions “a été une
décision prise avec une grande légèreté par le président de la
République” Jacques Chirac et “exécutée avec la même légèreté” par les ministres Dominique de Villepin et Charles Millon.
“Un engagement de l'Etat, lorsqu'il n'est pas respecté, rend
naturellement cet Etat vulnérable. En effet, cet acte ne pouvait
manquer d'avoir des conséquences lourdes”, estime-t-il.
_ L'avocat des victimes de l'attentat a déclaré s'interroger sur
l'opportunité de faire entendre comme témoin Jacques Chirac puisque “c'est lui qui prend cette responsabilité d'arrêter le versement de ces commissions”.
François Léotard, ministre de la Défense de 1993 à 1995 dans le
gouvernement d'Edouard Balladur, a signé le contrat de vente pour 826 millions d'euros de trois sous-marins Agosta au Pakistan en 1994.
Contrat qui a donné lieu aux versements de commissions d'un
montant total de 10,25%, dont 4% à deux intermédiaires imposés en 1994 par le ministère de la Défense.
Le versement des commissions a été interrompu en 1995 par le
nouveau président de la République, Jacques Chirac. Un arrêt
justifié par Dominique de Villepin par des soupçons de
rétro-commissions. Entendu en novembre par le juge Renaud Van
Ruymbeke, chargé du volet financier de l'affaire, l'ancien Premier
ministre a fait part au juge de “ convictions très fortes ” que des
“rétro-commissions” sur le contrat pakistanais avaient pu servir “ à
financer des partis politiques soutenant ” l'ancien Premier ministre
Edouard Balladur.
_ Par ailleurs, la cour d'appel de Paris a refusé aujourd'hui d'élargir
le volet financier de l'enquête sur l'attentat de Karachi aux faits
de corruption et jugé irrecevables les constitutions de partie
civile des familles de victimes.
Mes Olivier Morice et Thibault de Montbrial ont annoncé qu'ils
allaient se pourvoir en cassation contre cette décision.
_ Saisi d'une information judiciaire pour “entrave à la justice” et
“faux témoignage” visant la Direction des construction navales
(DCN), le juge Renaud Van Ruymbeke avait décidé le 6 octobre
d'élargir ses investigations à d'éventuels faits de “corruption” et
d'“ abus de biens sociaux ” qui auraient pu être commis en marge de la vente de trois sous-marins par la France au Pakistan.
A la suite d'un appel du parquet, la chambre de l'instruction de
la cour d'appel de Paris a considéré aujourd'hui que les parties civiles
ne pouvaient invoquer un quelconque préjudice directement provoqué par les abus de biens sociaux ou la corruption.
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