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Reims : le voisin de Tony, 3 ans, jugé pour ne pas avoir dénoncé les violences qui ont tué l'enfant

Le tribunal correctionnel de Reims juge le voisin d'un enfant mort sous les coups du conjoint de sa mère. Le prévenu est poursuivi pour ne pas avoir dénoncé ces violences.

Article rédigé par franceinfo - Laure Debeaulieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'immeuble où résidaient Tony, 3 ans, et son voisin jugé pour "non dénonciation de mauvais traitements", à Nancy, le 8 décembre 2016. (SAUCOURT PATRICE / MAXPPP)

Un homme de 34 ans comparaît mardi 22 octobre devant le tribunal correctionnel de Reims, pour ne pas avoir dénoncé des violences ayant entraîné la mort d'un enfant. Cet homme était le voisin de Tony, 3 ans, mort le 26 novembre 2016 sous les coups du conjoint de sa mère. Il est reproché au voisin de ne pas avoir alerté, dénoncé la maltraitance qui durait malgré les cris entendus. L'enfant a succombé sous les coups d'une extrême violence portés au ventre, victime d'une hémorragie interne. 

Le prévenu accorde plusieurs interviews dans les médias dans les semaines qui suivent la mort du petit Tony. Ce voisin explique qu'il entendait l'homme frapper l'enfant. Ce sont ces propos qui alertent la justice. Mais pour Martine Brousse, co-fondatrice de la Voix de l'enfant et partie civile dans ce dossier, c'est le procès d'un homme qui a fait ce qu'il a pu. "C'est vrai qu'il a été maladroit, il n'a pas appelé au bon numéro. Il n'en reste pas moins qu'il a essayé de faire quelque chose."

"Plein de gens qui ne sont pas dans le dossier devraient y être"

Car d'autres voisins, d'autres personnes étaient au courant des maltraitances que subissaient le petit Tony. Pour Maître Olivier Chalot, l'avocat du père de Tony, il ne devrait pas être le seul poursuivi. "Il y en a pleins qui ne sont pas dans le dossier et qui devraient y être. D'autres voisins, l'organisme de logement... On dit qu'on a informé l'organisme de logement d'un certain nombre de choses. L'organisme de logement dit 'non', mais je pense qu'il devrait être là pour s'expliquer aussi", réclame l'avocat. 

"Ça risque d'inquiéter des voisins qui n'oseraient plus dénoncer"

L'existence même de cette affaire devant la justice fait débat, pour les associations de protection de l'enfance. Selon l'avocate de l'association l'Enfant Bleu Enfance maltraitée, ce procès risque de décourager certains de dénoncer les maltraitances sur des enfants. "Ça risque évidemment d'inquiéter un certain nombre de voisins qui entendraient, mais qui n'oseraient plus dénoncer par peur de se retrouver aussi mis en examen, ou poursuivi devant un tribunal."

En 2020, les assises de la Marne jugeront le beau-père de Tony pour meurtre et sa mère pour ne pas avoir dénoncé les violences qui ont causé la mort de son fils.

Le reportage de Laure Debeaulieu.

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