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Marine Le Pen condamnée à 10 000 euros d'amende pour des faux tracts appelant à voter Mélenchon

L'affaire remonte aux élections législatives de 2012, à Béthune (Pas-de-Calais).

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Marine Le Pen face à Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de France 3 Nord Pas-de-Calais lors d'un débat pendant la campagne pour les élections législatives, le 2 juin 2012. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Marine Le Pen est condamnée, jeudi 3 avril, à 10 000 euros d'amende pour des faux tracts appelant à voter pour Jean-Luc Mélenchon en arabe, par le tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais). Elle a aussitôt indiqué qu'elle faisait appel de la décision. De son côté, Jean-Luc Mélenchon a estimé que la présidente du FN était "dédiabolisée mais délinquante". Francetv info revient sur les principaux enjeux de cette condamnation. 

Que reprochait-on à Marine Le Pen ?

Les faits remontent au mois de mai 2012, pendant la campagne pour les élections législatives. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon étaient en campagne dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Le tract incriminé portait la mention "Votons Mélenchon" en français et, en-dessous, dans un arabe très approximatif. Sur fond vert, la couleur de l'islam, il montrait aussi la photo de Jean-Luc Mélenchon et l'une de ses phrases prononcées lors d'un discours à Marseille, le 14 avril 2012 : "Il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb."

La présidente du Front national était citée à comparaître pour "manœuvre frauduleuse" et publication d'un montage sans le consentement de l'intéressé. Ces délits sont passibles d'un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende, ainsi que d'une peine complémentaire de privation des droits civiques, autrement dit d'inéligibilité.

Quelle était la défense de Marine Le Pen ?

En juin 2012, la présidente du Front national assumait "totalement" la diffusion de ce tract par ses équipes. "Cette procédure qui va prendre des années est totalement bidon, comme l'ont déjà démontré les avocats spécialistes en la matière : les articles invoqués ne s'appliquent absolument pas à ce pastiche qui ne procède à aucun montage et ne dénature en aucun cas les propos de Jean-Luc Mélenchon", indiquait l'équipe de la présidente du FN, en juin 2012.

Après la décision du tribunal correctionnel de Béthune, l'avocat de Marine Le Pen, Me Wallerand de Saint-Just, a immédiatement annoncé que sa cliente faisait appel de cette condamnation et "conteste violemment avoir commis la moindre infraction". "Le jugement rendu aujourd'hui est critiquable: les infractions ne sont pas constituées et de toutes façons, Mme Le Pen n'a pris aucune part à la commission de ces prétendues infractions", insiste Me Saint-Just.

Comment réagit Jean-Luc Mélenchon ?

"C'est une condamnation sans faille (...) qui démontre que Marine Le Pen a eu des agissements délinquants, répréhensibles, contraires aux valeurs fondamentales de la République, et c'est un grand jour pour la démocratie", a réagi Me Raquel Garrido, avocate de Jean-Luc Mélenchon.

Marine Le Pen n'est pas condamnée à l'inéligibilité. "Peut-être qu'elle sera déclarée inéligible" en appel, a commenté Me Garrido. "Ce combat entre la République et le Front national n'est pas fini", a ajouté l'avocate. Après la brève prise de parole de Me Garrido devant le tribunal, une poignée de militants du Parti de gauche ont accueilli le jugement par des applaudissements. "Mains sales et tête basse: Marine Le Pen condamnée comme faussaire électoral 'au nom du peuple français'. Dédiabolisée mais délinquante", a tweeté Jean-Luc Mélenchon un peu plus d'une heure après. 

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