"Il s'est jeté sur moi" : les plaignantes commencent à témoigner au deuxième jour du procès du "violeur de Tinder"

Face au récit de ses victimes, Salim Berrada, qui comparaît pour viols et agressions sexuelles, joue sur "les nuances entre vérité et mensonge".
Article rédigé par Aurélien Thirard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Ses victimes présumées, Salim Berrada les rencontraient sur des applis de rencontre. (photo d'illustration) (NICOLAS VALLAURI  / MAXPPP)

Dix-sept femmes accusent Salim Berrada d'avoir abusé d'elles. Celui que l'on surnomme le "violeur de Tinder" comparaît pour des faits de viols et d'agressions sexuelles entre 2014 et 2016. Au deuxième jour de son procès, mardi 19 mars, ses victimes ont commencé à livrer leur récit.

Elles sont serrées sur les bancs qui leur sont réservés. Toutes ces femmes viennent chacune à leur tour livrer leur témoignage. Elles se réconfortent et encouragent la première d'entre elles, une femme de 30 ans, blonde, élancée. Il y a dix ans, elle voulait se lancer dans le mannequinat. Tout juste arrivée à Paris, elle contacte Salim Berrada via Facebook. Elle y a vu ses photos et apprécie sa notoriété.

Ils se mettent d'accord pour faire un shooting et le photographe propose d'emblée de l'alcool lors du rendez-vous. Elle refuse. Quand elle arrive chez lui, un appartement dans un "état déplorable", les photos commencent d'abord habillées, puis en lingerie. Elle improvise les poses à quatre pattes, dos à lui. C'est là qu'il lui saute dessus, dit-elle en larmes. Elle s'interrompt et reprend : "Il s'est jeté sur moi. Il était en caleçon. Je n'ai pas vu à quel moment il s'est déshabillé. J'ai refusé et j'ai essayé de le repousser. Il a voulu retirer mon soutien-gorge", raconte-t-elle. "Tu m'as séduite, lui dit-il, tu as ce que tu voulais."

Elle arrive finalement à partir, choquée, puis dans le déni. Elle met deux ans à porter plainte, quand d'autres victimes se manifestent. Aujourd'hui, elle-même photographe professionnelle, elle est victime de bruxisme - elle grince des dents de manière pathologique - et elle a perdu confiance dans les hommes. Elle a des peurs nocturnes.

Pour Salim Berrada, les faits décrits à la barre n'ont jamais existé

L'accusé se lève et les mots se bousculent dans sa bouche. Notes à la main, il connaît par cœur son dossier mais il peine à convaincre ses juges. "Oui, je suis un goujat, admet-il. Oui, j'ai fauté moralement car je n'avais qu'un but : tenter de coucher avec elle. Mais cette femme m'a clairement dit non et nous en sommes restés là." "D'ailleurs, ajoute-t-il, elle est spontanément revenue vers moi pour qu'on se revoit." La victime a expliqué qu'elle voulait récupérer les photos de la séance de peur qu'il ne s'en serve contre elle.

Et ces verres d'alcool proposés à chaque victime ? Pour l'accusation, ils sont une preuve de soumission chimique en vue d'un viol. Pourquoi les proposer à chaque fois ? Est-ce un stratagème pour les attirer chez lui ? Les juges veulent savoir si l'accusé a tiré les victimes dans un guet-apens sous prétexte de prendre des photos avec elle.

Et que pense-t-il du récit de la victime ? Il répond à côté. "Madame ment ?", le relance l'avocat général. "Elle ne dit pas la vérité, répond Salim Berrada. Ne pas dire la vérité, c'est mentir", concède-t-il. "Et bien voilà !", lance l'avocat général. "Oui, mais il y a beaucoup de nuances entre vérité et mensonge", assure le photographe. Cette nuance entre vérité et mensonge, c'est la ligne de crête sur laquelle l'accusé tente de rester.

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