Chauffeur de bus tué à Bayonne : 15 ans de réclusion requis contre les accusés
Quinze ans de réclusion ont été requis, jeudi, à l'encontre des deux jeunes hommes jugés par la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques pour avoir mortellement frappé un chauffeur de bus à Bayonne en 2020. "Ils sont coupables. La société ne peut pas admettre qu'ils se comportent de cette manière sauvage, ils doivent être punis", a estimé l'avocat général, Marc Mariée, lors du réquisitoire.
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Wyssem Manai et Maxime Guyennon, 25 ans aujourd'hui, comparaissent depuis vendredi pour des violences volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner, de Philippe Monguillot, un conducteur de 59 ans, marié et père de trois filles, qu'ils avaient roué de coups le 5 juillet 2020.
Ce jour-là, après une première altercation liée à un contrôle de billet, une deuxième avait éclaté au sujet du port du masque sanitaire. Après avoir porté un coup de tête à l'un des accusés, le chauffeur avait été passé à tabac et laissé en état de mort cérébrale à côté du bus. Il avait succombé après cinq jours de coma à l'hôpital. "Philippe Monguillot ce jour-là n'avait rien demandé à personne, il faisait son travail", a dit l'avocat général, évacuant une "quelconque responsabilité" de la victime : "Le coup de tête est une réalité, et alors ? Il ne justifie rien, il ne pourrait jamais justifier ce déferlement de violence."
Des témoins encore choqués
Plaidant pour les proches du défunt, parties civiles, Alexandre Novion a fustigé de "mauvais comédiens" qui ont "voulu faire de ce coup de tête un point névralgique du dossier", enjoignant la cour de ne pas oublier les victimes, "les seules, les vraies".
En début de semaine, le déroulé des violences, filmées par des caméras de vidéosurveillance, avait été retracé à l'audience, la cour interrogeant des témoins encore choqués. "C'est la première fois que je vois des témoins fondre en larmes devant une cour d'assises trois ans après les faits", a souligné jeudi l'avocat général. Il a requis la même peine à l'encontre des deux accusés, alors que Wyssem Manai a porté le dernier coup à la victime, provoquant sa chute fatale au sol.
"Absence d'empathie", selon un expert psychiatre
Mercredi, la cour a peiné à leur faire reconnaître leur responsabilité dans ce drame. Survenu au début d'un été post-confinement, il avait déclenché une vague d'émotion nationale et suscité de nombreuses réactions politiques. Un expert psychiatre ayant rencontré les accusés quatre mois après les faits a relevé chez eux une "absence d'empathie et de sentiment de culpabilité". Wyssem Manai, en particulier, estimait que la mort de la victime relevait avant tout d'une décision médicale prise en concertation avec la famille.
"Tant que vous ne serez pas capable d'articuler 'Je suis responsable de la mort de Philippe Monguillot', vous n'aurez pas progressé", "tant qu'il n'aura toujours pas compris les règles, il sera dangereux", a conclu le représentant de l'accusation. Le verdict est attendu jeudi soir après les plaidoiries de la défense dans l'après-midi.
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