Aix : dix ans de prison pour un maçon qui avait tué un jeune cambrioleur
Le condamné avait tiré depuis sa fenêtre sur un adolescent de 15 ans, qu'il suspectait d'avoir commis un cambriolage.
Un maçon des quartiers nord de Marseille qui avait tué en 2011 un cambrioleur de 15 ans en lui tirant dessus depuis la fenêtre de son domicile a été condamné, vendredi 10 octobre, à dix ans de prison, par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.
Jean Gabro, 59 ans, comparaissait pour "homicide volontaire" et "détention d'arme", mais la cour d'assises a requalifié les faits en "coups mortels ayant entraîné la mort". L'avocate générale avait requis une peine de huit années, estimant que "l'intention d'homicide n'était pas assez caractérisée".
Que s'était-il passé ?
Jean Gabro était jugé pour le meurtre d'Antoine Rodriguez, sur lequel il avait tiré à trois reprises avec une carabine 22 long rifle. Alors que ce dernier, accompagné d'un complice, avait pris la fuite après le vol d'un ordinateur dans un local proche de son domicile, dans un le 15e arrondissement, au pied de deux cités minées par le trafic de drogue dans les quartiers nord de la cité phocéenne.
Le 2 mai 2011, Jean Gabro fait fuir, par deux fois, les jeunes cambrioleurs en brandissant une arme depuis la fenêtre du premier étage de la maisonnée où il habite, avant de finir par leur tirer dessus, blessant mortellement d'une balle en plein cœur Antoine Rodriguez.
Surnommé "Tolcio", "petit Antoine", la victime, avait un casier judiciaire vierge, comme le tireur. Mais "il avait 15 ans, l'âge de toutes les bêtises et de toutes les inconsciences", a plaidé l'avocate des parties civiles. Et ce jour-là, "c'est lui qui décide" d'aller voler. Décrit par ses proches comme un enfant chétif et attentionné, la "mascotte" de la cité, l'adolescent décide selon elle de voler "pour faire comme les autres", pour accomplir un rite de passage l'âge adulte dans ce quartier sensible de Marseille.
Quelle est la version du maçon ?
Pour les avocats du maçon, décrit comme un homme "solitaire, bougon" mais "travailleur" et souffrant de son chômage, déjà agressé par le passé, les tirs sont un "accident" d'un "homme excédé" qui a vu un quartier paisible de Marseille se transformer en une "fourmilière de délinquants". Les voir trois fois de suite "ça l'excite, il en a ras-le bol, lorsqu'il va tirer, ce n'est pas pour éliminer un gitan, c'est le fait d'un homme excité", a estimé l'avocate générale.
"Si c'était à refaire? J'aurais dû fermer la fenêtre, qu'ils volent tout ce qu'ils veulent, je m'en fous", a déclaré, comme regrettant son geste, l'accusé lors de l'audience. Mais à aucun moment il n'a eu une parole pour sa jeune victime.
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