Incendies : "L'évolution du risque est en partie liée aux changements climatiques"
Thomas Curt, directeur de recherche sur les risques incendies à l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), , estime que "la saison des feux d'été s'est allongée", de juin à fin septembre.
L'évolution du risque incendie est liée "à l'augmentation des températures" et à une "végétation plus sèche et plus inflammable" assure mardi 18 juillet Thomas Curt, directeur de recherche sur les risques incendies à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), sur franceinfo. Il était interrogé sur la multiplication d'incendies de grande ampleur en France dans les environs de Nice et de Bonifacio, ou encore en Italie, au Portugal et en Croatie.
franceinfo : Le risque incendie est-il plus important qu'avant ?
Thomas Curt : Oui, et cette évolution du risque est en partie liée aux changements climatiques. Les températures augmentent mais la pluie ne suit pas, ce qui rend la végétation plus sèche et plus inflammable. Les incendies sont donc très intenses et plus grands. Ce n'est pas le seul facteur mais le changement climatique influe. La saison estivale a commencé très tôt avec les incendies à la frontière espagnole dès juin. Cette évolution typique est clairement liée au changement climatique. Quand on observe l'évolution depuis 50 ans des données météo, la saison des feux d'été commençait plutôt en juillet ou en août. Aujourd'hui, elle commence dès le mois de juin, parce qu'en fin d'hiver et au printemps, il y a peu de pluies et la chaleur monte très rapidement. La saison à risque s’allonge, elle se termine plus tard, vers la fin septembre et elle commence plus tôt, vers juin.
Quelles sont les zones à risque ?
La zone à risque, avec un aléa météo important, s'étend de plus en plus dans l'arrière-pays notamment dans les Alpes. Classiquement, les incendies s'étendaient sur le littoral méditerranéen de la frontière espagnole à la frontière italienne. Cela continue à être le cas mais on observe aussi un développement dans les Alpes du Sud et les Hautes-Alpes, qui sont menacées par des incendies de plusieurs centaines d'hectares. Le sud-ouest de la France, avec le massif landais, est aussi une zone à risque, mais les principales zones concernées restent la Corse, la Provence et les Alpes-Maritimes.
Comment les pompiers s'adaptent-ils à cette évolution du risque ?
Les pompiers connaissent cette évolution et s'adaptent. Pompier, c'est un métier d'engagement. Ils font des retours d'expérience. Ils réfléchissent beaucoup et sont réputés pour leur technicité. Les pompiers français sont souvent cités en exemple au niveau européen. Mais la principale précaution à prendre pour réduire le risque incendie, c'est de mieux gérer la végétation et nos paysages en débroussaillant autour des maisons. Il y a une obligation légale de débroussaillement mais elle n'est pas toujours bien appliquée. C'est très important pour limiter la propagation du feu.
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