Entreprise SEVESO, une voisine bien encombrante à Marignane
“Avoir des usines classées Seveso quasiment imbriquées dans une ville. On ne ferait plus ça aujourd’hui”, c'était l'engagement de Bruno le Maire, ministre de l'économie, en septembre 2019, après l'accident de l'usine Lubrizol à Rouen. Pourtant à Marignane, une usine Seveso, c’est-à-dire qui utilise des produits potentientiellement dangereux pour l’environnemnet et la santé, veut s’implanter à moins de 300 mètres des habitations.
L'entreprise Satys, spécialisée dans l’aéronautique, veut implanter une usine, l’année prochaine, à Marignane à moins de 300 mètres des habitations. Justine Giordano vient d’acheter une maison, non loin de la future usine, avec son conjoint et ses 3 enfants. Elle s'inquiète : “Vous avez une crèche d’entreprise qui est à 300 mètres du projet, deux collèges, un lycée, des commerces. Est-ce que l’impact économique de l’entreprise vaut le coup face à tous les soucis que cela va engendrer pour les populations ?”.
Une inquiétude partagée avec de nombreux habitants. D’autant plus que cette zone est déjà très polluée par l’activité industruelle. “Nous craignons la pollution des fumées, car le mistral vient dans notre direction. Et on a peur aussi de la pollution des sols”, craint Nicolas Arnoux, un riverain qui est très proche de la future usine.
Si les riverains sont si méfiants, c’est parce qu’il y a des précédents. L’oeil du 20h vous révélait ce scandale début 2020, à Marseille. Une fuite de chrome VI, un produit cancérogène, dans l’eau non potable de la ville. L’entreprise Satys a racheté l’usine responsable de la pollution. Et aujourd’hui, elle compte utiliser ce même produit, le chrome VI, sur le site de Marignane. C’est écrit noir sur blanc dans un rapport que nous nous sommes procuré. L’entreprise écrit même que deux produits peuvent poser problème pour l’environnement : l’acide chlorhydrique et le chrome VI.
"Une faute de ma part" : les regrets de certains maires
Face à de tels risques, des élus de la métropole qui avaient accordé 100 000 euros de subventions publiques, pour aider à l’implantation de l’entreprise, font machine arrière. C’est le cas du maire de Gignac La Nerthe, à proximité immédiate de la future usine Seveso. “Je fais mon culpa sur cette question. Il y a aussi une faute de ma part qui n’ai pas porté suffisamment attention à ce qu’il y avait derrière cette délibération”.
Contactée, l’entreprise Satys affirme que sur les produits dangereux qu’elle utilise, les seuils sont réglementaires. “On va utiliser du chrome VI pendant deux ans, mais en 2024 il sera interdit. Sur l’acide chlorhydrique, les niveaux qu’on relâche sont moins nocifs que 50 cheminées de particuliers qui relâchent des particules fines et du bois mal consumé. Voilà la réalité".
219 accidents dans des usines classées SEVESO
En France, 1312 sites sont classées SEVESO Depuis 2019, 219 accidents ont été recensés comme des explosions ou des émanations de produits dangereux. Bilan : 236 blessés. Dernier incident en date, un collège à Bordeaux. le 14 octobre dernier. Selon les autorités, une vingtaine d’élèves légerement intoxiqués à cause d’un nuage toxique qui proviendrait d’une usine Seveso. Le produit mis en cause : l’acide chlorhydrique, la même substance qui sera utilisée à Marignane.
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