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Lubrizol conteste sa mise en examen : "On le prend comme un bras d'honneur", dénonce une association de victimes

L'association dénonce la "complaisance" de l'État "sous prétexte du chantage à l'emploi, un grand classique" et l'absence d'implication des collectivités locales dans son combat pour faire reconnaître la responsabilité de l'industriel dans l'incendie de son usine de produits chimiques en 2019.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'usine de produits chimiques Lubrisol à Rouen en proie aux flammes, dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019. (THOMAS SCHONHEERE / RADIOFRANCE)

"C'est un véritable scandale, on le prend comme un bras d'honneur", s'indigne mercredi 31 mars sur franceinfo Christophe Holleville, secrétaire de l’Union des victimes de l'incendie de l'usine Lubrizol en septembre 2019 dans lequel plus de 5 000 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée à Rouen. La société demande aujourd'hui à la Cour d'appel de Paris l'annulation de sa mise en examen pour deux chefs d'inculpation : déversement de substances nuisibles dans les eaux naturelles et exploitation non conforme d'une installation classée ayant porté atteinte grave à la santé, la sécurité ou l'environnement.

franceinfo : Si la justice annule la mise en examen de Lubrizol, il n'y aura pas de procès. Que ressentez-vous ?

Christophe Holleville : On ressent de la colère du côté des victimes par rapport aux belles paroles d'Éric Schnur, le PDG de Lubrizol, qui disait qu'il allait être le "bon voisin" vis-à-vis de la population de Rouen et du département. On se rend compte qu'il se donne l'occasion de se défiler de toutes ses responsabilités en essayant de trouver des astuces dans ce dossier judiciaire pour tout simplement ne rien assumer dans le préjudice qu'il a pu commettre vis-à-vis de la population de Seine-Maritime et tout particulièrement de Rouen. C'est un véritable scandale, on le prend comme un bras d'honneur. Depuis le début ils se font passer pour des innocents.

Vous allez manifester devant le Palais de justice à Paris aujourd'hui, et devant l'Assemblée nationale. Vous estimez que seules les associations de victimes se mobilisent. Qu'attendez-vous de l'État et des collectivités locales ?

18 mois après, on se rend compte que seuls les avocats d'une association de victimes et des syndicats seront là pour faire barrage à Lubrizol. Pas des avocats de la région puisque la région Normandie n'est toujours pas partie civile. Lubrizol n'a jamais donné un rond aux collectivités telles que Rouen Métropole, le département ou la région. 18 mois après, le département de la Seine-Maritime vient tout juste de se porter partie civile parce qu'on l'a poussé à le faire, il y a à peine un mois, mais ses avocats ne seront pas là, pas représentés à l'audience, le délai était trop court.

"Où sont les pouvoirs politiques ? Ont-ils respiré la même chose que nous ?"

Christophe Holleville, secrétaire de l’Union des victimes de Lubrizol

à franceinfo

lIl s'agit d'une forme de complaisance, selon vous ?

Il y a une complaisance de la part de l'État vis-à-vis des industriels, sous prétexte du chantage à l'emploi, c'est un grand classique. Lubrizol a fait comprendre à tout le monde que si on l'embêtait, si on en était un peu insistants envers eux, éventuellement, ils iraient voir ailleurs. Mais comme je l'ai dit à Hervé Morin, président de région, si un Lubrizol a envie de partir, de toute façon, ils ne demanderont pas votre avis. Ce genre de multinationale n'a pas d'état d'âme.

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