Incendie d'un gîte à Wintzenheim : ce que l'on sait du feu qui a fait 11 morts en Alsace

Des personnes souffrant d'un handicap mental passaient leurs vacances dans un établissement du Haut-Rhin, détruit par les flammes mercredi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Des pompiers interviennent après l'incendie d'un gîte accueillant des personnes en situation de handicap à Wintzenheim (Haut-Rhin), dans lequel 11 personnes sont mortes, le 9 août 2023. (PHILIPPE MARCHEGAY / MAXPPP)

Les vacances ont viré au drame. Un incendie a détruit un gîte dans lequel séjournaient des personnes souffrant d'un handicap mental, mercredi 9 août, à Wintzenheim (Haut-Rhin). Le feu, qui s'est déclaré vers 6h30, a pu être maîtrisé grâce à l'intervention de près de 80 pompiers. Onze victimes ont toutefois été dénombrées, a annoncé le parquet de Colmar.

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Les opérations de recherche se poursuivent afin d'extraire les corps des décombres de ce bâtiment situé dans une commune limitrophe de Colmar. Il s'agit du sinistre le plus meurtrier en France depuis l'incendie d'un bar à Rouen, en 2016.

Une résidence détruite par les flammes

Le feu s'est déclaré dans la nuit de mardi à mercredi et a provoqué un "embrasement généralisé" des premier et deuxième étages d'un immeuble à colombage de style alsacien, situé à Wintzenheim, selon les pompiers. Arrivé sur place à 7 heures, le premier adjoint au maire de la ville, Daniel Leroy, a constaté qu'il "n'y avait déjà plus rien". "Le bâtiment était entièrement consumé dans sa partie haute, la toiture était complètement effondrée", a-t-il déclaré à franceinfo. Selon la préfecture du Haut-Rhin, 300 m2 ont été détruits par les flammes, sur les 500 m2 que comptait l'immeuble.

Cet édifice, divisé en deux gîtes, se trouve sur un terrain fermé, avec plusieurs autres bâtisses. C'est sa propriétaire, habitant à proximité, qui a donné l'alerte peu après 6h30. Les secours sont arrivés dès 6h45, Soixante-seize sapeurs-pompiers ont été déployés, ainsi que quatre fourgons, quatre ambulances, un poste médical avancé et trois échelles. Le feu a pu être maîtrisé aux alentours de 8h30. Quarante militaires de la gendarmerie ont également été mobilisés.

Un séjour pour personnes présentant un handicap mental

Les gîtes accueillaient deux groupes de personnes souffrant d'un léger handicap mental, originaires de Meurthe-et-Moselle et du Doubs. Ils s'étaient inscrits à ce séjour par le biais par deux associations. L'association AEIM-ADAPEI 54, qui prend en charge des personnes handicapées en Meurthe-et-Moselle, a déclaré dans un communiqué que ce séjour était organisé par "un prestataire extérieur", l'agence spécialisée Oxygène Vacances adaptées. "Dans l'attente d'informations complémentaires, l'AEIM déploie d'ores et déjà une cellule de suivi et de soutien à disposition des familles et des proches concernées", écrit-elle mercredi.

Douze personnes venaient de Franche-Comté, a fait savoir la préfecture du Doubs. Toutes sont sorties indemnes de l'incendie.

Onze personnes tuées dans l'incendie

D'après le secrétaire général de la préfecture du Haut-Rhin, 28 personnes se trouvaient sur place au moment du sinistre. Seules 17 d'entre elles ont pu échapper aux flammes. Il s'agit de deux accompagnateurs et quinze autres adultes, a précisé à franceinfo le lieutenant-colonel Philippe Hauwiller, pompier commandant de l'opération de secours.

Onze corps ont été localisés dans les décombres, a annoncé la vice-procureure de la République de Colmar, Nathalie Kielwasser. Leurs corps vont en être extraits, mais les opérations sont "difficiles" à cause des "gravats et de parties effondrées", ainsi que du "sol instable" du bâtiment, a détaillé Philippe Hauwiller. Parmi les victimes, âgées de 20 et 50 ans, se trouvent dix vacanciers et un encadrant, a précisé Christophe Marot, secrétaire général de la préfecture du Haut-Rhin.

Contactée par franceinfo jeudi matin, la préfecture a confirmé que 11 corps avaient été retrouvés par les pompiers, après avoir évoqué "10 morts et une personne disparue" dans un communiqué mercredi soir.

Des analyses ADN et au scanner vont être effectuées afin d'identifier les victimes dans un délai de 48 heures à quatre jours, soit d'ici lundi 14 août au maximum, a assuré Nathalie Kielwasser, lors d'un déplacement sur les lieux du drame.

La préfecture du Haut-Rhin recense en outre "une personne en urgence relative évacuée vers l'hôpital et une personne choquée". Elle a annoncé la mise en place d'un numéro de téléphone national, le 09 70 80 90 40, "qui sera l'unique point d'entrée pour recueillir les appels et renseigner les familles concernées". Une cellule d'urgence médico-psychologique a également été installée, pour prendre en charge les rescapés, selon les pompiers. La mairie de Wintzenheim a par ailleurs déclaré qu'une "cérémonie œcuménique aura lieu [mercredi] à 19 heures à l'église Saint-Laurent, pour rendre hommage aux victimes et leurs familles".

L'origine du feu inconnue à ce stade

A ce stade, on ignore ce qui a déclenché l'incendie mais, selon la vice-procureure de Colmar, il s'agirait d'"un feu qui a couvé (...), avec du bois qui a dû mettre plusieurs heures avant de s'embraser". Selon les informations de France Télévisions, les enquêteurs savent que les flammes se sont déclarées quelque part à l'étage. Des chambres et la pièce de vie s'y trouvaient, et une rangée d'autres chambres étaient situées en mezzanine, laquelle s'est totalement effondrée, rapportent les pompiers.

Une enquête judiciaire "sur les causes de la mort" des victimes a été ouverte par le parquet de Colmar. Elle a été confiée à la section de recherche gendarmerie de Strasbourg et à l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.

D'après le premier adjoint au maire de Wintzenheim, Daniel Leroy, cette résidence fonctionnait "très bien" et avait été rénovée en 2022. Mais jeudi matin, la vice-procureure de Colmar a déclaré sur France Bleu Alsace que le gîte n'était pas passé devant la commission de sécurité pour les établissements recevant du public (ERP).

La propriétaire, dans un premier temps trop choquée pour répondre aux enquêteurs, a finalement pu être entendue, a précisé la magistrate.

La Première ministre s'est rendue sur place

Après le drame, les réactions se sont multipliées parmi les élus et responsables politiques. "Face à cette tragédie, mes pensées vont aux victimes, aux blessés, à leurs proches", a écrit le président Emmanuel Macron sur Twitter.

La Première ministre s'est rendue sur place vers 15 heures, accompagnée de la ministre des Solidarités, Aurore Bergé. Devant la presse, la cheffe du gouvernement a fait part de "toute [sa] tristesse et [sa] solidarité" face à un "drame épouvantable", ajoutant "apporter tout [son] soutien aux familles des victimes et aux forces de secours qui sont intervenues rapidement". Elisabeth Borne devait rencontrer des proches des disparus dans l'après-midi.

"Nous sommes aux côtés des familles et des professionnels des associations et structures qui ont envoyé leurs résidents dans ce centre de vacances", a réagi sur franceinfo le maire socialiste de Nancy, Mathieu Klein. Il assure que "tous les moyens seront mis en œuvre pour les accompagner au long cours".

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