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Hospitalisation d'office : "on garde des gens enfermés alors qu’ils devraient pouvoir sortir" (Jean-Marie Delarue)

Les psychiatres dénoncent un projet de loi "sécuritaire". Il est soumis aujourd’hui au vote, en 1ère lecture, à l'Assemblée nationale. La majorité veut ainsi légiférer sur l'hospitalisation sous la contrainte, dite aussi hospitalisation d’office. Une mesure qui vise à éviter les récidives de la part de malades jugés dangereux. Invité des choix de France Info ce matin, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, s'inquiète des manquements croissants au respect des droits des personnes hospitalisées d'office pour des troubles mentaux, parfois maintenues sous ce statut alors que leur état de santé ne le justifie plus.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France ©FOTOLIA/Yannis Ntousiopoulos)

Chaque année en France, 15.000 personnes jugées dangereuses sont hospitalisées d’office. Une décision prise par le préfet, sur avis médical et en général contre le gré du patient, dans un souci d’ordre public. A ne pas confondre avec l’hospitalisation à la demande d’un tiers, qui concerne environ 65.000 malades par an.

Pour ces personnes hospitalisées sur décision préfectorale, c’est l’enfermement, "une privation de liberté sans aucune nuance, même si cette privation de liberté a pour raison d’être de guérir un malade ou tout du moins de le calmer de telle sorte qu’il puisse sortir un jour", explique Jean-Marie Delarue.

Et le problème réside précisément dans les conditions de cette sortie. "On a le sentiment qu’on a de plus en plus de difficultés à remettre les malades dehors lorsque les médecins estiment qu’ils peuvent ressortir", souligne le contrôleur général des lieux de privation de liberté (organisme indépendant). "Parce que l’autorité administrative a peur en quelque sorte de les remettre dehors. Par conséquent, comme c’est elle qui prend la décision, s’oppose à notre sens un peu facilement à leur sortie", poursuit-il.

Il y a des situations aujourd’hui où la démonstration de la dangerosité de la personne hospitalisée d'office n’est pas faite, estime Jean-Marie Delarue. "On garde des gens enfermés alors qu’ils devraient, semble-t-il, de l’avis de leur psychiatre, pouvoir sortir", explique-t-il sur France Info.

"Je crois que derrière cela aussi, il faut séparer très froidement et très posément ce qui relève de la peur légitime de quelqu’un qui est dangereux et ce qui relève de notre peur instinctive de la maladie psychiatrique". Quand la personne a été soignée, "la question est de savoir si on doit s’opposer à sa libération au motif de ce que, dans le passé, elle a commis quelque chose d’en effet dangereux", conclut-il.

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