Hortefeux attendu à Grenoble, après la nuit d'émeutes
C’était le scénario redouté par la police. Des CRS avaient été mobilisés en nombre. Mais la situation a dégénérée hier soir dans ce quartier populaire de Grenoble ; certains habitants ne voulant pas croire à la thèse de la légitime défense avancée par la police pour expliquer la mort de Karim Boudouda, l’un des braqueurs du casino d’Uriage-les-bains (lire notre article). Le malfaiteur de 27 ans, déjà condamné trois fois aux assises pour vol à main armée, s’était en effet réfugié dans son quartier d’origine après une course poursuite avec la police. C’est là qu’il a reçu une balle dans la tête. Il est mort dans la nuit de jeudi à vendredi.
Hier soir, une prière au mort a été récitée par un imam dans un parc du quartier de la Villeneuve. Une cinquantaine de manifestants y ont assisté en silence, et c’est ensuite que l’embrasement a eu lieu.
De violents affrontements les ont opposés aux forces de l'ordre. Il n'y a pas eu de blessé. Les casseurs ont aussi saccagé les lieux. Ils ont d’abord attaqué un tramway, ont brûlé entre 50 et 60 voitures. Un garage, un centre de contrôle technique et une salle de musculation ont également été incendié.
5 personnes, dont un mineur ont été interpellées et placées en garde à vue la nuit dernière. Deux jeunes gens âgés de 17 et de 18 ans ont été arrêtés pour "des incendies de véhicules". Trois autres âgés de 20 ans l'ont été pour "des tentatives de vols dans des magasins". Le quartier a retrouvé son calme vers 4 heures du matin.
Brice Hortefeux, le ministre de l'intérieur est attendu à 13h45 à l'hôtel de police de Grenoble.
Les policiers recherchent toujours le complice de Karim Boudouda. "Un partie", voire "la totalité du butin", entre 20 et 40.000 euros, a été retrouvé dans un sac à l'arrière du véhicule des malfaiteurs.
Une violence condamnée par les syndicats de policiers
Synergie-Officiers, deuxième syndicat d'officiers de police, a "condamné avec vigueur le déferlement de violence" à
Grenoble. Il "apporte son entier soutien aux policiers qui ont neutralisé ce dangereux
malfaiteur dans le cadre de la légitime défense", estimant que "cette affaire
rappelle à ceux, trop longtemps pétris de la culture de l'excuse, que ceux qui
tirent sur la police s'exposent naturellement à une riposte proportionnée".
_ Le syndicat "s'inquiète de la banalisation de l'usage des armes contre les
forces de l'ordre et prévient que les policiers ne se laisseront pas prendre
pour cible sans faire usage des moyens légaux mis à leur disposition".
Il s'agissait du troisième braquage de casinos de groupes français dans la région Rhône-Alpes et en Suisse voisine depuis quelques mois.
_ Face à une recrudescence de violences dans la région depuis plusieurs mois,
le secrétaire départemental du syndicat SGP-FO, Daniel Chomette a réclamé des
"effectifs supplémentaires" pour sécuriser l'agglomération grenobloise, touchée
par une récente vague de violences, assurant que la police avait "atteint un
seuil de rupture".
_ Enfin le député-maire PS de la ville, Michel Destot, a de nouveau réclamé la
tenue d'un "Grenelle de la Sécurité urbaine qui réunisse, aux côtés des
ministres compétents, les principaux élus et les préfets afin qu'une stratégie
commune soit élaborée, notamment en terme d'affectation de moyens".
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