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Haut-Rhin : comment Coco le cerf a semé la zizanie dans un village

Mascotte du village, le cervidé a été au cœur d'un malentendu, fin septembre, entre la mairie et les habitants.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Photo de Coco le cerf, prise par l'habitante à l'origine de la pétition, Jill Varanne. (JILL VARANNE)

Depuis trois ans, les habitants d'Echery, hameau de la commune de Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) ont l'habitude de croiser Coco dans leur jardin. Plusieurs fois par semaine, le cervidé descend jusqu'aux maisons du village, situées en bordure de forêt, à la recherche de nourriture. Il arrache quelques feuilles de salade dans un potager ou récupère les épluchures que les habitants lui tendent. "Il n'est pas tout jeune, mais on est tous assez admiratifs. On est fier de pouvoir voir un cerf d'aussi près", confie une habitante, Jill Varanne à franceinfo.

Lundi 18 septembre, cette cohabitation paisible s'est soudainement brisée lorsqu'une octogénaire du village, inquiète de voir l'animal déambuler dans son jardin, prévient le premier adjoint au maire que le cerf "monte et descend les escaliers" de sa maison librement. Eric Freyburger décide alors de prévenir un garde-chasse pour pouvoir "éloigner la bête". "Je voulais rassurer la riveraine, j'ai donc demandé à un agent d'éloigner le cerf des habitations", dit-il à franceinfo.

Plus de 300 e-mails pour "sauver Coco"

Un mot mal choisi pour les fans de Coco, qui ont eu écho du courrier, et se persuadent alors que la mairie a l'intention d'abattre l'animal. "Nous avons interprété 'éloigner' comme 'enlever', décrit Jill Varanne, entrepreneuse dans l'événementiel. Car un cerf, on ne l'éloigne pas comme ça. Ca a l'intelligence d'un mouton et il faut utiliser un Kärcher ou des pétards pour le faire partir."

L'Alsacienne contacte alors le garde-chasse qui lui confirme qu'il ne peut pas "enlever" le cerf. Confortée dans l'idée que la mairie a bien l'intention de tuer le cervidé, Jill Varanne poste un message sur Facebook dans lequel elle annonce que Coco est en danger. Elle réalise un film sur l'animal [supprimé depuis] qui totalise en une semaine 1,5 million de vues et des dizaines de milliers de partages, détaille L'Est RépublicainElle lance une pétition sur petitionpublique.fr qui réunit près de 23 000 signatures, note les DNA. Jill Varanne, très investie dans la protection des animaux, insère même l'adresse personnelle de l'adjoint pour que les signataires puissent lui écrire directement.

Contre toute attente, Eric Freyburger reçoit plus de 300 e-mails, "parfois cordiaux, parfois insultants", lui demandant de "sauver Coco". "Je n'ai pas compris ce qui se passait, j'ai reçu des courriers venant de Suisse, de Belgique, de Tourcoing", raconte l'adjoint, un peu sonné. "Certains faisaient appel à 'ma générosité', 'ma bienveillance envers les animaux' pour sauver le cerf..." 

Un malentendu entre la mairie et les habitants

Face à l'emballement, Eric Freyburger dément vouloir tuer le cerf et envoie des courriers d'explications aux plaignants : "J'ai effectivement demandé au garde-chasse de trouver une solution pour éloigner ce vieux cerf des habitations, car en période de brame, le comportement de ces animaux est souvent imprévisible et potentiellement dangereux, écrit-il. Cette administrée de 80 ans, inquiète de voir cette bête déambuler dans son jardin méritait autant mon attention que l'animal."

Le maire de la commune de 5 000 habitants précise qu'il "n'a jamais été question d'abattre le cerf", reprend L'Est Républicain. "J'aurais dû appeler l'adjoint, reconnaît Jill Varanne, on a mal compris le mot 'éloigner'. Je n'aurais jamais pensé que cette histoire atteindrait un tel buzz."  Sur Facebook, la quinquagénaire publie une nouvelle vidéo intitulée "Le cerf finira sa vie paisiblement", et remercie le premier adjoint et les gens mobilisés.

La mairie s'engage à monter une nouvelle clôture afin que Coco ne puisse plus rentrer chez l'octogénaire mais assure que l'animal pourra toujours se nourrir dans les potagers des habitants qui l'acceptent. Une semaine après cette histoire, Jill Varanne assure que tout est rentré dans l'ordre : "On défend le monde animal, grâce aux réseaux sociaux, on s'exprime, analyse Jill Varanne. Mais là, on a pris peur trop vite."

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