Gard : exploité "comme un esclave" pendant des années, un homme réussit à s'échapper et se réfugie chez les gendarmes
La sœur et son mari, soupçonnés de l'avoir exploité, ont été placés en détention provisoire.
Un homme exploité par sa sœur et son mari pendant des années, à Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, a fini par reprendre lui-même sa liberté le week-end dernier, rapporte France Bleu Gard Lozère vendredi 7 mai. Le couple a été placé en détention provisoire jeudi pour "réduction en servitude", a précisé à France Bleu Éric Maurel, le procureur de la République de Nîmes.
"Ils me traitaient comme un esclave"
L'homme âgé de 55 ans s'est échappé de la maison de sa sœur dimanche. Il est allé chercher de l'aide chez les gendarmes. À ces derniers, il a expliqué avoir "pris un morceau de pain" et l'avoir "caché" dans sa chambre. "Ma sœur l'a vu. Et lui il m'a frappé, en me disant que je ne le mangerai pas !" "Ils me traitaient comme un esclave", a-t-il expliqué.
Cet ancien ouvrier agricole, qui a eu un accident de travail, est aujourd'hui un homme décharné, amaigri, des hématomes partout sur le corps, des brûlures de cigarette. Il était régulièrement frappé. "On est à la limite de l'esclavage, mais on retient le délit de réduction de servitude, qualification rare", précise Éric Maurel.
Déshydraté et pesant à peine 40 kg, l'homme a été hospitalisé
Il passait des journées entières à couper du bois, à faire des travaux de jardinage. En journée, il n'avait pas le droit de s'éloigner de la maison. Le soir, il était enfermé dans une petite chambre, rapporte France Bleu. Il ne prenait qu'un seul repas par jour et était obligé de demander l'autorisation pour aller aux toilettes. Il était enfermé dans une prison morale dans une emprise psychologique. L'homme n'était pas payé, juste "logé dans un local qui servait de chambre", explique le procureur, qui décrit un homme aux "joues creusées, les côtes saillantes" qui pèse "à peine 40 kilos aujourd'hui". Déshydraté, il a été hospitalisé.
Le couple qui l'hébergeait est sa propre sœur et son mari. Elle, sans emploi, lui ancien chauffeur routier en arrêt maladie, nient en bloc ces accusations. L'ancien ouvrier agricole bénéficiait d'une allocation handicapé dont il ne voyait pas la couleur, 1 200 euros par mois, qui servait à payer les charges du foyer et les vacances de sa sœur et de son mari.
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