Faux chirurgien esthétique, vrai procès
Le docteur Michel Maure, 59 ans, se présentait volontiers à ses patientes comme "l’un des plus grands chirurgiens esthétiques au monde". Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’entre elles le poursuivent en justice pour des opérations pratiquées entre 2001 et 2004 et qui ont "mal tourné". Doux euphémisme.
Une patiente est aujourd’hui handicapée, une autre s’est retrouvée avec le sein droit… sous le bras, une troisième n’a pas oublié le sang qui coulait dans la voiture en rentrant chez elle, une dernière a décrit le trou longtemps demeuré béant au milieu de son sternum. Beaucoup ont subi des infections, connu des complications et dû se faire réopérer par la suite.
L’ancien médecin marseillais est poursuivi pour "publicité mensongère, tromperie aggravée sur les qualités substantielles des prestations de service, mise en danger de la vie d’autrui, blessures involontaires, travail illégal par dissimulation de salariés, non-remise de devis et menaces ou acte d’intimidation". Il encourt quatre ans de prison ferme et 75.000 euros d’amende.
Démarche mercantile
Si, pour sa défense, l’ex-médecin brandit la thèse du double complot fomenté par l’Ordre des médecins et la presse, certains faits sont parlants.
Ainsi, le docteur Maure recevait pour liposuccions, réductions mammaires et autres poses de prothèses jusqu’à 300 patientes par an à la clinique Saint-Bernard, pourtant frappée de fermeture administrative depuis plusieurs années. L’accusation a retenu pêle-mêle des locaux insalubres, des médicaments périmés, administrés par un personnel sous-qualifié, la pratique de plusieurs opérations en même temps ou encore l’absence de suivi opératoire.
Pour l’avocat de 12 des victimes, "c’était le côté mercantile qui primait dans la démarche de ce médecin d’un genre très particulier", analyse maître Jérôme Rambaldi. Le docteur Maure se faisait en effet payer en espèces, entre 3 et 4.000 euros l’intervention, mais il n’accordait aucune facilité de paiement à ses patientes.
Le procès, qui s’ouvre aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Marseille, doit durer une dizaine de jours.
Gilles Halais avec agences
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