Expulsions : deux réfugiés haïtiens en sursis
C'est Bakchich.info qui a livré l'information hier, confirmée aujourd'hui par la préfecture du Val-de-Marne. Deux Haïtiens (un homme et une femme) se seraient présentés jeudi à la douane d’Orly sud. Ils descendaient d'un vol régulier, ramenant des rapatriés de la catastrophe. Mais, à cause de soupçons sur les photos d'identité, ils se sont vu interpellés. Leurs passeports (français) étaient des faux. Les voilà alors placés en garde à vue.
Selon le directeur de cabinet du préfet du Val de Marne, Patrick Dallennes, le procureur de la République a décidé pourtant d'abandonner toute poursuite, pour leurs passeports falsifiés. Mais le préfet du Val-de-Marne a émis lui un arrêté de reconduite à la frontière. Sans toutefois prendre la responsabilité de les renvoyer dans leur pays dévasté : "l'arrêté ne sera pas mis en application". Jusqu'à quand...
Des réfugiés haïtiens en sursis
Troublant, après la prompte déclaration du ministre de l'Immigration (lire ici le communiqué), dès le lendemain du tremblement de terre. Éric Besson n'avait alors pas mis 24 heures à donner " instruction à ses services de suspendre immédiatement toutes procédures de reconduite dans leur pays d’origine des ressortissants haïtiens en situation irrégulière sur le territoire national".
Mais, l'humanisme a vraisemblablement ses limites. Illustration Outre-Atlantique : la ministre américaine de la sécurité intérieure, Janet Napolitano, a fait savoir vendredi que les Haïtiens arrivés illégalement aux États-Unis, après le séisme du 12 janvier, seraient expulsés. Mise au point accompagnée de cet argument sentencieux : " Les Haïtiens doivent être là-bas pour contribuer à la reconstruction de leur pays, il ne s'agit pas d'une occasion pour émigrer".
Une rhétorique que la France n'a pas encore osé adopter. Les deux Haïtiens, à défaut d'être expulsés, sont officiellement expulsables... mais logés et nourris. La préfecture du Val-de-Marne, après avoir émis son arrêté de reconduite à la frontière ("simple formalité administrative pour clore le dossier", explique le directeur de cabinet), affirme les avoir confiés au Samu social, qui les aurait logés à l'hôtel et leur aurait livré des repas. Le comité Urgence Haïti aurait aussi été sollicité pour prendre le relais.
_ Cependant, contacté par France Info, RESF dans le Val-de-Marne explique les avoir cherchés toute la journée dans le département sans avoir pu les localiser...
Cécile Quéguiner
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