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Marseille : quatre ans après le drame de la rue d'Aubagne, la lente rénovation du quartier de Noailles

Le 5 novembre 2018, huit personnes mourraient ensevelis après l'effondrement des immeubles rue d'Aubagne. Un quartier marseillais toujours meurtrie où les habitants ont l’impression que rien n'avance.

Article rédigé par Olivier Martocq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un immeuble dans le centre de Marseille, le 23 février 2021. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Comme chaque 5 novembre à Marseille, les habitants de la rue d'Aubagne se sont recueillis devant le trou béant laissé par les trois immeubles qui se sont effondrés ce matin-là il y a quatre ans. Le drame a tué huit personnes, ensevelies sous les décombres de cette rue populaire du centre-ville, située à une centaine de mètres de la Canebière.

Les années passent mais la situation n'évolue guère rue d'Aubagne. Des habitants évacués, au lendemain du drame, d'immeubles vétustes et jugés à risque par l'administration, n'ont toujours pas trouvé à se reloger. Des propriétaires expropriés se battent contre les procédures administratives qu'ils jugent arbitraires. C'est le cas de Kamel, dont l'immeuble de quatre étages se trouve dans le périmètre racheté par l'établissement public foncier. "Tout d'abord, au début, je n'ai pas cru qu'ils allaient m'exproprier l'immeuble parce qu'on m'a contraint à faire des travaux, une contrainte de 1 000 euros par jour, explique-t-il au micro d'Yvan Plantey de France Bleu Provence. Donc j'ai fait les travaux et je pensais récupérer l'immeuble. Quelques mois après j'avais la levée de péril, mais ils ne me l'ont pas donnée, ils ont attendu 17 mois pour me la donner. C'était fait délibérément !"

"Ils avaient envie de m'exproprier, ils sont arrivés à leur fin. Nous, c'est quatre générations de labeur qu'on a eu pour avoir ce bien, pour qu'à la fin, des personnes en chemise-cravate arrivent avec un stylo et vous le prennent comme ça."

Kamel, propriétaire exproprié rue d'Aubagne

à France Bleu Provence

La maire du secteur, Sophie Camard, élue après le drame, reconnaît que les procédures sont longues mais que le projet de rénovation du quartier est désormais enclenché. "Je dirais qu'il y a de l'ombre et de la lumière encore, avance la maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille. On a quand même beaucoup d'immeubles vides, donc ça favorise une délinquance qui est assez présente et dont se plaignent beaucoup les habitants et les commerçants. Dans le côté lumière, on arrive au bout des procédures d'expropriation pour que bientôt les chantiers soient visibles à l'œil nu."

L'effondrement de trois immeubles rue d'Aubagne à Marseille qui a fait huit victimes le 5 novembre 2018 a laissé un trou béant, le 3 novembre 2020. (NICOLAS TUCAT / AFP)


À ce stade, personne ne sait quelle sera la nature du projet urbain : démolition ou réparation ? Ce qui inquiète l'architecte Matthieu Poitevin. Il a encadré les étudiants de l'école d'architecture de Marseille qui ont planché sur la question. "Travailler sur Noailles, c'est en fait une situation extrêmement moderne de considérer la ville, explique Matthieu Poitevin, parce qu'on travaillerait sur de très petites parcelles, et plus sur des îlots dans lesquels des marges financières deviendraient importantes. Travailler ainsi sur le détail, sur la dentelle, ça n'a pas été fait."

Le conseil municipal de Marseille a voté vendredi 4 novembre la cession de 34 immeubles détenus par la ville à la nouvelle Société publique d'intérêt national en charge de la rénovation du quartier, sans préciser s'ils allaient être démolis ou rénovés.

Marseille : quatre ans après le drame rue d'Aubagne - Reportage d'Olivier Martocq

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