Cet article date de plus de treize ans.

Drame du Chambon-sur-Lignon : y a-t-il vraiment eu dysfonctionnement ?

La polémique enfle sur le suivi judiciaire du jeune meurtrier présumé d'Agnès. Son collège était-il informé ? Devait-il l'être ? Revue de ces interrogations, alors qu'une réunion est prévue cet après-midi à Matignon sur ce drame.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Le jeune garçon qui a avoué l'assassinat d'Agnès, avait déjà effectué quatre mois de détention provisoire à Nîmes, pour avoir violé sous la menace d'une arme une camarade de classe en août 2010. Puis il avait été libéré sous contrôle judiciaire, un contrôle qu'il respectait scrupuleusement, selon le procureur de la République. Il était soumis à une obligation de suivi psychiatrique et de scolarité en internat. Celui du Chambon-sur-Lignon avait été précisément choisi pour son éloignement et son isolement. Il y était suivi sur place par un psychologue.

Le collège ignorait-il réellement le passé de son interne ? C'est ce qu'affirme Philippe Bauwens, le directeur du collège-lycée cévenol : "On savait qu'il avait eu des ennuis avec la justice, mais on n'en connaissait pas la nature. Et nous n'avions aucun contact avec les services de justice ".

Pourtant, le père d'Agnès, Frédéric Marin, affirme lui dans 20 minutes que la direction du collège "était au courant de son passé " et qu'il "avait eu des problèmes pour des faits d'agression sexuelle ". Selon lui, le garçon avait même eu "des démêlés avec une autre fille du
collège en juin dernier. A tel point que la direction du collège a
pensé à le virer
".

Son collège devait-il être informé ? "Quand quelqu'un est mis en examen, on ne peut pas dire à tout le monde qu'il a été mis en examen ", explique Mathieu Bonduelle du syndicat de la magistrature, en vertu du secret de l'instruction et de la présomption d'innocence.

Pour le président du Tribunal pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenzcveig, ne pas informer l'établissement, "c'est même la condition sine qua non pour l'enfant délinquant, comme pour l'enfant victime, de s'inscrire à l'école et de ne pas être exclu ". 

Scolarisation ou enfermement ? Pour André Vallini, chargé des questions de sécurité au PS, la justice, au contraire, aurait dû avertir l'établissement". Et de s'interroger : "la place d'un tel adolescent est-elle dans un collège ou dans un établissement spécialisé ? " Pour lui, la réponse est sans appel :

Roland Coutanceau, le
psychiatre et criminologue, estime au contraire que "le défi, c'est d'accompagner avec une grande vigilance, le retour à la société de jeunes qui ont transgressé une fois ".

Avant son inscription dans ce collège mixte, établissement privé réputé sous contrat avec l'Etat, le garçon avait été jugé "réinsérable et ne présentant pas de dangerosité ". "On ne peut plus se fonder sur la seule intuition, sur la seule expérience ", plaide le Dr Paul Bensoussan, expert-psychiatre auprès de la Cour de cassation. Selon lui, il existe des instruments de mesure de la dangerosité.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.