Double révision historique : Machin et Sécher seront rejugés
Actualisé à 20h
C’est un fait rarissime : pour la première fois de son histoire, la Cour de révision a décidé mardi d'annuler deux condamnations et de faire rejuger par la cour d'assises de Paris deux hommes, Marc Machin et Loïc Sécher, qui clamaient leur innocence.
_ Le premier avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour meurtre, l'autre à 16 ans de prison pour viol.
Mais des deux hommes, tous deux présents à l'audience, seul Loïc Sécher est libre : il a bénéficié d'une suspension de peine, ce qui signifie qu'il a pu sortir de la prison de Nantes en fin de journée.
_ A sa sortie, il a dit aspirer à “un repos psychologique mérité”.
Marc Machin, incarcéré à la prison de la Santé à Paris, restera en détention provisoire dans des dossiers d'agressions sexuelles pour lesquels il a été écroué en juin dernier.
Loïc Sécher, le coupable idéal
Loïc Sécher sera rejugé par la Cour d'assises de Paris pour le viol d'Émilie, une adolescente qui s'est rétractée depuis.
_ En 2003, l'ancien ouvrier agricole, avait été condamné par la Cour d'assises de Loire-Atlantique pour avoir, trois ans plus tôt, violé à plusieurs reprises Émilie, 13 ans. Le verdict avait été confirmé en 2004 à Rennes, puis par la Cour de cassation.
Mais, coup de théâtre, le 7 avril 2008, Émilie avait envoyé une lettre affirmant que Loïc Sécher est "innocent et qu'elle ne supporte plus de le savoir en prison".
Sécher avait alors déposé une requête devant la commission de révision de condamnations pénales.
Reconnaissant qu'Émilie était fragile psychologiquement et qu'elle était coutumière des "affabulations", la commission avait saisi la Cour de révision, seule habilitée à annuler une condamnation pénale.
Marc Machin, le coupable de trop
Marc Machin sera également rejugé par la Cour d'assises de Paris pour le meurtre d'une femme commis en 2001 au Pont de Neuilly (Hauts-de-Seine), meurtre revendiqué depuis par un autre homme.
Interpellé en 2001, une dizaine de jours après le meurtre, Marc Machin, 19 ans à l'époque, avait avoué les faits en garde à vue, parce que, expliquera-t-il plus tard, il en avait "marre des questions, des auditions et de la pression psychologique".
Mais en mars 2008, David Sagno s'était livré à la police en s'accusant du meurtre de Marie-Agnès Bedot, ainsi que de celui de Maria-Judith Araujo, également au Pont de Neuilly, le 22 mai 2002.
Depuis, des analyses ont permis de retrouver l'ADN de David Sagno sur les corps des deux victimes, entraînant sa mise en examen pour "assassinat, viol et vol".
Les révisions de condamnations pénales restent rares en France : depuis la Seconde Guerre mondiale, seuls six dossiers criminels ont été au bout de la procédure de révision et se sont soldés par l’acquittement de personnes condamnées à tort.
_ La dernière révision similaire avait concerné Patrick Dils.
Virginie Salanson avec agences
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