: Vidéo Plan "anti-stups" du gouvernement : "Le trafic progresse et s'est professionnalisé", selon le syndicat des commissaires de la police nationale
David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, revient mardi sur franceinfo sur le plan "anti-stups" qui sera dévoilé à la mi-journée à Marseille par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et trois collègues du gouvernement.
Un plan "anti-stups" va être dévoilé, mardi 17 septembre à Marseille, par quatre ministres. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nuñez mais aussi la garde des Sceaux, Nicole Belloubet et le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin dont dépendent les Douanes, se rendront dans un centre social et donneront une conférence de presse à l'Évêché, l'hôtel de police de la cité phocéenne.
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"Le trafic progresse, il s'est professionnalisé", indique mardi sur franceinfo, David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale.
franceinfo : Qu'en est-il du trafic de drogue en France ?
David Le Bars : Il faut être très honnête, les trafics de drogue progressent depuis de nombreuses années. J'en suis à 25 années de police et il faut constater malheureusement que non seulement cela progresse, mais que cela devient de plus en plus violent parce que les sommes en jeu sont considérables. Les gens se tirent dessus de façon de plus en plus régulière pour prendre du territoire. On a une forme d'inefficacité qui n'est pas imputable uniquement aux forces de l'ordre, bien au contraire, mais à un problème de volonté politique, d'organisation pour lutter contre ce fait.
Le trafic s'est-il professionnalisé ?
Le petit dealer de rue vous l'avez encore, mais le trafic s'est professionnalisé. J'ai travaillé dans une ville, que je ne vais pas nommer, mais vous aviez dix points de vente conséquents, à peu près 500 à 600 clients par jour. Sur un point de vente conséquent le client dépense en moyenne entre 30 et 40 euros, vous faites le calcul du chiffre d'affaires jour et mensuel. Vous avez derrière entre 50 et 80 personnes qui sont employées à plein temps pour faire ce trafic.
Le gouvernement présente ce mardi son Office antistupéfiants (Ofast) qui va regrouper tous les acteurs. Est-ce une façon de reconnaître que la guerre entre les services a été un frein dans la lutte contre les trafiquants ?
Ce n'est pas toujours la guerre des services, même si cela a existé, c'est aussi parfois la volonté des services de travailler mais à l'aveugle, sans savoir qu'un service voisin peut également être sur un dossier soit concomitant soit qui peut être relié. D'une manière ou d'une autre, il y avait une nécessité d'un pilotage. Cela va être le cas avec ce nouvel Office, qui va être expérimental. Le but c'est de prendre le modèle du renseignement et d'avoir un chef de file pour piloter efficacement la lutte contre le trafic de stups, avec une nécessité absolue, c'est que les collègues locaux sur un trafic local, une concurrence avec d'autres services puissent être en mesure à la fois d'être soulagé, mais aussi de pouvoir travailler en sachant qu'ils ne vont pas empiéter sur un autre dossier.
Faut-il toujours être à la limite de la loi pour être efficace en matière de lutte contre la drogue ?
Quand les belles affaires se font et qu'il y a de grosses saisies, vous avez beaucoup de gens qui viennent, qui participent à la fête, qui prennent en photo le butin, qui se retrouvent à boire des pots, à partager la réussite. Quand tout va bien tout le monde se satisfait des grosses saisies, quand tout va mal et qu'on s'aperçoit qu'un dossier n'a pas forcément été ficelé dans les règles, vous avez toute une série de personnes et de partenaires qui remettent sur le dos d'un chef de service ici ou là des responsabilités. Il faut impérativement, dans la lutte contre les stups, une volonté politique claire pour savoir comment on veut mettre un terme à ce type de trafic, une chaîne pénale cohérente et l'office. Il faut aussi qu'on se pose la question des moyens juridiques. Il faut garder secret des techniques d'enquête reconnues si on veut avoir un temps d'avance sur les trafiquants.
Il y a un an, le parlement français adoptait les amendes pour les consommateurs de cannabis. Est-ce appliqué ?
Cela ne l'est pas pour plusieurs raisons. Des raisons techniques, des raisons d'ordre opérationnel. Parfois un simple consommateur ou une petite main dans un trafic, ce n'est pas forcément l'amende qui est importante, c'est le fait de le ramener dans un dossier pour monter une procédure. Tout cela est une question de pertinence. L'amende ce sera un outil à condition qu'on ait une facilité pour encaisser et pouvoir prélever cette amende.
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