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Tireur à Paris : "On a affaire à une personne très déterminée"

Selon Christophe Caupenne, ancien du Raid, le suspect qui a ouvert le feu dans les locaux du journal "Libération", lundi à Paris, "ne connaît pas de frein au passage à l'acte".

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des policiers enquêtent au siège de "Libération", où une fusillade a eu lieu lundi 18 novembre 2013. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Le commandant Christophe Caupenne a passé dix ans au sein du Raid, l'unité d'élite de la police. Son travail consistait à négocier auprès de forcenés et preneurs d'otages. Il confie à francetv info ses premières réflexions sur l'homme qui a ouvert le feu, lundi 18 novembre, dans le hall du journal Libération, à Paris, puis devant le siège de la Société Générale, dans le quartier de la Défense.

Francetv info : Que penser de cet individu, soupçonné également d'une prise d'otages entre la Défense et les Champs-Elysées ?

Christophe Caupenne : On peut être très inquiet car cet homme, s'il est bien seul, affiche de nombreux paramètres de dangerosité. On peut penser qu'il avait repéré ses cibles. C'est le même homme qui semble s'être introduit à BFMTV vendredi, armé, pour y proférer des menaces.

Il n'a pas agi du week-end : est-ce à dire qu'il avait des activités sociales incontournables, ou bien qu'il s'est conditionné pour recommencer ce matin ? Pour l'heure, on l'ignore. Mais la multiplicité des actes commis, la pause de ce week-end et les nouvelles agressions de lundi montrent que l'on a affaire à une personne très déterminée. Il ne connaît pas de frein au passage à l'acte. Alors même qu'il se sait chassé, il se fait déposer par un automobiliste pris en otage sur les Champs-Elysées. C'est inédit.

Comment les policiers peuvent-ils établir le profil psychologique de cet homme ?

La brigade criminelle ne peut qu'éplucher tous les détails des diverses apparitions de cet homme. D'abord, les images de vidéosurveillance : comment il rentre et sort de BFMTV, de Libération, s'il est discret, s'il prend son temps, comment il se comporte devant la Société Générale… Et aussi ce qu'il a dit dans ces diverses circonstances, en particulier à l'automobiliste pris en otage. Il y a enfin des éléments matériels à analyser : son arme, les traces sur les douilles des munitions… On ne devrait pas tarder à en savoir plus.

Quel effet peut avoir la traque sur cet homme ? Est-ce un accélérateur de danger ou la possibilité d'une fin rapide ?

Les deux cas de figure sont hélas envisageables. Souvenez-vous de John Allen Muhammad. Il avait tué dix personnes en octobre 2002. Cet homme, surnommé "le sniper de Washington", agissait avec un complice et avait aménagé le coffre de sa voiture pour tirer sans être vu. En fait, ce tueur, qui avait des problèmes de garde d'enfant, jouait avec les autorités. Son ego surdimensionné le poussait à défier toujours davantage la puissance publique. Il a finalement été arrêté.

Mais un autre scénario n'est pas à écarter, celui du suicide. L'homme qui est actuellement traqué à Paris s'est déjà "suicidé" socialement. Il pourrait désormais retourner son arme contre lui ou menacer les forces de l'ordre pour se faire abattre par un policier, ce qu'on appelle en anglais le "suicide by cop". Un type d'épilogue tragiquement connu.

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