Condamnation de sept policiers : leurs syndicats s'insurgent, les magistrats se défendent
Toutes sirènes hurlantes, ils sont venus faire part de leur colère. Environ 200 policiers se sont rassemblés cet après-midi devant le tribunal de Bobigny. "Si on veut décourager les policiers, on a visé juste" s'est indigné Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance, "en colère, atterré et écoeuré" .
A mots plus feutrés, le ministère de l'Intérieur lui-même a fait part de son désaccord : selon Brice Hortefeux, ce jugement "peut apparaître légitimement disproportionné" aux forces de
sécurité. Le préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, se dit lui "très étonné" .
Le jugement est en tout cas beaucoup plus sévère que les réquisitions : les sept policiers ont été condamnés à des peines allant de six mois à un an de prison ferme pour "dénonciation calomnieuse" et "faux en
écriture" . En septembre, à Aulnay-sous-Bois, au terme d'une course-poursuite, ils avaient accusé le conducteur poursuivi d'avoir percuté un policier. En réalité, le fonctionnaire avait été renversé par des collègues. (LIRE NOTRE ARTICLE)
Le parquet, qui avait requis des peines de prison avec sursis, a fait appel ce soir.
"Un acte politique et syndical" .
Même si le jugement est suspendu, il a une nouvelle fois envenimé les rapports entre police et magistrats. Il s'agit là d'une "déclaration de
guerre à la police" affirme le syndicat Synergie-officiers. "Ce tribunal est connu pour receler les pires idéologues de la culture de
l'excuse quand il s'agit de remettre dehors à tour de bras les trafiquants de
stupéfiants, braqueurs, auteurs de tentatives d'homicide..." Le secrétaire général du syndicat, Patrice Ribeiro, parle d'"un acte
politique et syndical" , allusion au Syndicat de la magistrature, orienté à gauche, bien implanté dans ce tribunal.
Des accusations qui ont ulcéré les membres du Syndicats de la magistrature. "Nous n'avons rien à voir là-dedans, il s'agit de la décision d'un tribunal correctionnel" , rectifie Matthieu Bonduelle, son secrétaire général. "Normalement, en démocratie, on respecte la décision d'un tribunal. On peut faire appel, mais on ne se venge pas par média interposé" .
"Il y a une émotion qu'on peut comprendre" affirme Delphine Batho, chargée de la sécurité au PS. "L'institution judiciaire doit être respectée. [...] Brice Hortefeux ne soutient pas les policiers quand ils réclament des moyens. Mais là, il y a un soutien un peu facile."
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