Concorde : les familles des passagers absentes au procès
On dirait "le procès d’un avion vide" , commente de façon lapidaire Stéphane Gicquel, secrétaire général de la FENVAC (Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs) à quelques heures du début du procès. Le banc des prévenus sera occupé par la compagnie aérienne Continental Airlines, deux de ses employés, deux anciens responsable du programme Concorde et un ancien de la Direction générale de l’aviation civile. Côté partie civile : Air France, les familles des victimes au sol, la famille du commandant de bord Christian Marty. Mais les familles des passagers du supersonique seront absentes.
Indemnisés dix mois après le crash. Les familles des 100 passagers, en grande partie Allemands, ont conclu un accord définitif avec les assureurs d’Air France, du constructeur EADS, du fabricant de pneus Goodyear et de Continental Airlines (propriétaire de l’avion qui a perdu une pièce sur la piste). Montant total : 115 millions d’euros répartis entre 700 bénéficiaires selon leur degré de parenté avec les victimes et leur préjudice financier. En échange, elles ont renoncé à toute poursuite.
Concorde destination New-York. Pour Stéphane Gicquel "on a cherché à acheter le silence des familles de victimes". Les assureurs avaient-ils intérêt à éviter un procès aux Etats-Unis ? En effet les montants alloués aux familles de victimes y sont supérieurs à ceux alloués en Europe. Mais les proches ont peut-être de leur côté jugé bon de s’épargner des procédures longues et coûteuses… A l’image de ceux des victimes du crash de Charm el Cheikh (Egypte) en 2004 qui ont ainsi tenté en vain d'attaquer en Californie Boeing, le loueur d'avions ILFC et deux équipementiers. Au terme de la procédure visant à déterminer quelle juridiction, française ou américaine, était compétente, les ayants droit n'ont touché que des avances de la Civi (Commission d'indemnisation des victimes d'infractions), "de 5 à 15.000 euros selon le degré de parenté", indique Marc Chernet, président de l'association.
"On connaissait les faiblesses du Concorde depuis plus de 20 ans". C’est la conviction de l’avocat de la famille du commandant de bord du Concorde Christian Marty, qui sera présent au tribunal de Pontoise. Et selon Me Roland Rappaport "cet accident aurait dû être évité". La justice se donne quatre mois pour déterminer les responsabilités de l’accident.
Caroline Caldier avec agences
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