Clearstream : le parquet soupçonné d'avoir cédé à la pression politique
Article mis à jour à 21h57
_ Un parquet qui fait appel d'un jugement : sur le fond, rien d'exceptionnel. Mais dans le cas Clearstream, la décision du procureur de la République de Paris provoque de nombreuses réactions, ravivant le débat sur l'indépendance du parquet, qui est subordonné au ministère de la Justice - donc à l'Elysée.
Et le premier à accuser le parquet d'avoir sous la pression élyséenne, c'est Dominique de Villepin lui-même. Relaxé hier, il estime que ce nouveau procès est une "décision politique" . Nicolas Sarkozy "persévère dans son acharnement, dans sa haine tonnait l'ancien Premier ministre ce matin sur RMC.
_ Dominique de Villepin peut être d'autant plus contrarié que ce nouveau procès devrait se tenir fin 2010-début 2011, perturbant la campagne présidentielle qu'il a visiblement l'intention de lancer en vue de 2012.
Ce soir, sur Canal + , l'ex-Premier ministre a affûté ses attaques, en affirmant que la décision du parquet avait “été prise jeudi à l'Elysée”.
“L'Elysée ne répond pas aux allégations mensongères”, a-t-on répliqué à la
présidence.
Marin rejette toute accusation
Jean-Claude Marin se défend lui de toute pression politique : "je n'ai pas besoin de recevoir d'instructions de quiconque pour faire appel". Rappelant qu'il avait réclamé la condamnation de Dominique de Villepin : rien de plus logique, donc, que de tenter de faire entendre ses arguments lors d'un second procès.
L'UMP affirme de son côté - par la voix de son porte-parole Frédéric Lefebvre - que Nicolas Sarkozy a été "satisfait" par le premier jugement et ne sera pas représenté lors du procès en appel.
L'image de la justice "éclaboussée"
"C'est de l'hypocrisie de la part du chef de l'Etat qui se donne le beau rôle" dénonce le député villepiniste François Goulard. Et il n'est pas le seul : "Il y a des gardes des Sceaux qui respectent l'indépendance de la justice et ceux qui donnent des ordres au parquet" critique l'ancien ministre socialiste de la Justice Michel Vauzelle.
Que la pression politique soit réelle ou non ne change rien au problème, affirme l'avocat général Philippe Bilger : "Personne ne croira que Jean-Claude Marin a agi librement et spontanément". Résultat : "C'est l'image de la justice qui en est éclaboussée" regrette Christophe Régnard, président du principal syndicat de magistrats, l'USM.
Céline Asselot avec agences
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