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Clearstream : le juge van Ruymbeke assume ses "responsabilités"

Le juge Renaud Van Ruymbeke, un des magistrats les plus connus de France, s'est défendu d'avoir voulu nuire à Nicolas Sarkozy dans l'affaire des faux listings de la société financière Clearstream. Entendu comme témoin au huitième jour du procès il a raconté comment le vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin lui avait remis au printemps 2004 les listings comportant les patronymes hongrois de Nicolas Sarkozy et qui devaient se révéler faux.
Article rédigé par franceinfo
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Le juge Renaud Van Ruymbeke a admis avoir accepté de verser au dossier ces informations sous forme de lettres anonymes, mais s'est dit de bonne foi, assurant qu'il n'avait jamais consenti explicitement à cette procédure, suspectée d'être irrégulière. C'est en raison de cet épisode que le magistrat est poursuivi devant le CSM et c'est cette étape de l'affaire que Nicolas Sarkozy a stigmatisé en décrivant dans un entretien en 2006 "l'alliance d'un corbeau et d'un juge" .

"M. Gergorin m'est apparu totalement de bonne foi. Il y a deux éléments objectifs qui confortent sa bonne foi: c'est lui qui a exigé de me rencontrer (avant de transmettre les listings), je ne peux pas penser une seconde qu'il se tire une balle dans le pied", affirme le magistrat à la barre. En lui transmettant des courriers anonymes avec "des numéros de comptes, il me donne les moyens de vérifier qu'ils sont vrais ou faux", ajoute-t-il.

Tout commence fin avril 2004 quand un avocat, Me Thibault de Montbrial, vient trouver le juge d'instruction alors empêtré dans une enquête sur des commissions et rétrocommissions versées en marge de la vente de frégates à Taïwan. Le magistrat a précisé qu'à ce moment, il piétinait dans son enquête sur les frégates de Taiwan, un contrat de 2,5 milliards d'euros lourd d'enjeux financiers et politiques. Il s'est vu refuser quatre fois, par des ministres de droite comme de gauche, la levée du secret-défense.

"Il me dit, voilà, je connais un haut dirigeant d'une des principales sociétés d'armement qui connaît les comptes que vous cherchez dans le dossier des frégates. Ca passe par Clearstream. Ce monsieur veut absolument vous rencontrer", sans apparaître "pour des raisons de confidentialité et surtout de sécurité", raconte le juge van Ruymbeke. Intrigué, le magistrat rencontre alors à deux reprises au domicile de l'avocat, Jean-Louis Gergorin, vice-président exécutif d'EADS, un homme "très brillant, convaincu et convaincant, manifestement de ce qu'il dit".

"Je n'étais pas demandeur, je n'ai rien 'dealé' comme on l'a dit. M. Jean-Louis Gergorin m'est apparu totalement de bonne foi", a-t-il dit. "Je ne suis jamais sorti de mon cabinet comme ça. Je me suis trouvé face à un ultimatum, je n'avais pas le choix (...) J'assume toutes mes responsabilités, mais rien que mes responsabilités", a-t-il dit.

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