Censure d'un livre sur le Médiator : la justice donne tort au laboratoire Servier

Son ouvrage avait contribué à donner l'alerte sur les dangers du Médiator. En 2008, une pneumologue de Brest, Irène Frachon (LIRE SON PORTRAIT) publie "Médiator 150 mg. Combien de morts ?" grâce au soutien d'une toute petite maison d'édition brestoise, éditions-dialogues.fr. L'année suivante, le Médiator est retiré de la vente en raison des risques de valvulopathie.

Pour autant, les laboratoires Servier jugent que le titre de l'ouvrage du docteur Frachon porte préjudice à leurs activités. Ils saisissent le juge des référés, qui leur donne raison le 7 juin dernier. La mention "Combien
de morts ?" jette le "discrédit" sur l'image du laboratoire Servier, selon la justice, "entrave" son activité et "porte atteinte" à ses droits.

Une décision qui menace d'entraîner la faillite de la maison d'édition qui publie l'ouvrage. Dans l'urgence, elle fait imprimer des stickers "sous-titre censuré" pour recouvrir la mention "Combien de morts ?", tout en faisant appel de la décision.

"Pas lieu" de supprimer le sous-titre

Depuis, des études officielles ont estimé que le Médiator, prescrit à
environ cinq millions de Français entre 1976 et 2009, serait à
l'origine de la mort de 500 à 2.000 personnes. La situation n'est "plus exactement la même que début juin", a estimé le président de la cour d'appel de Rennes lors de l'audience, le 30 novembre dernier. Sa décision a été rendue publique aujourd'hui : il n'y a "pas lieu" de supprimer la mention "Combien de morts ?" . La censure est donc annulée. La cour condamne également le laboratoire Servier à payer 3.000 euros à
l'éditeur du livre.