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Ce que l'on sait sur le triple infanticide d'Alfortville après les aveux du père des enfants

Un homme de 41 ans s'est présenté dimanche dans un commissariat de Dieppe, en Seine-Maritime, et a avoué avoir tué ses trois filles à son domicile, dans le Val-de-Marne.
Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les corps des trois enfants ont été découverts dans un appartement situé quai Jean-Baptiste Clément à Alfortville (Val-de-Marne), le 26 novembre 2023. (LAURE PARNY / LE PARISIEN / MAXPPP)

Il a avoué le meurtre de ses trois filles. Un homme de 41 ans, déjà condamné pour des violences conjugales, a été mis en examen pour assassinats et placé en détention provisoire, mercredi 29 novembre, a appris franceinfo auprès du parquet de Créteil. Dimanche après-midi, ce quadragénaire s'était rendu dans un commissariat de Dieppe (Seine-Maritime) pour signaler qu'il avait tué ses trois enfants, âgés de 4, 10 et 11 ans, à son domicile d'Alfortville (Val-de-Marne). Le parquet avait confirmé ce triple infanticide.

Le procureur de la République de Créteil, Stéphane Hardouin, avait précisé lors d'une conférence de presse, lundi à la mi-journée, les éléments constatés sur la scène des crimes et le contexte familial dans lequel ce triple meurtre a eu lieu. Mardi, le procureur avait annoncé l'ouverture d'une information judiciaire pour assassinats, en raison d'"éléments nouveaux susceptibles de caractériser une préméditation". Voici ce que l'on sait.

Les corps de trois fillettes découverts au domicile de leur père

A la suite des aveux de cet homme de 41 ans au commissariat de Dieppe, où il a déclaré avoir tué ses trois filles, un officier de police judiciaire du commissariat d'Alfortville s'est déplacé au domicile du suspect. Le policier a découvert sur les lieux "les corps sans vie de trois fillettes, âgées de 4, 10 et 11 ans, vêtues de leurs pyjamas", a expliqué lundi Stéphane Hardouin.

L'aînée se trouvait "dans l'unique chambre de l'appartement", avec "des plaies thoraciques profondes", sans pour autant qu'il y ait de "plaies de défense observée sur le moment", a précisé le procureur. Le corps de la seconde fillette était "allongé sur le canapé du salon", également avec "des plaies thoraciques", "ainsi que des plaies de défenses aux mains, laissant penser à la saisie d'une lame". Enfin, la benjamine était "retrouvée sur le deuxième lit de l'unique chambre", sans "aucune plaie". Cependant, "son visage cyanosé évoquait une notion d'asphyxie". Les secours ont tenté de la réanimer, sans succès. Le procureur de Créteil a précisé qu'"aucune lésion de nature sexuelle" n'avait été observée "à première vue"

Les résultats des autopsies, communiquées par Stéphane Hardouin mardi, confirment l'utilisation d'un couteau et l'étranglement de la benjamine. En début de garde à vue, le suspect avait déclaré spontanément "avoir agi seul, sans témoin, et avoir utilisé des couteaux". Par la suite, lors de son audition, il a affirmé avoir "envisagé de se suicider", avant de se rendre à Dieppe, une ville choisie "par hasard". L'examen mené lundi n'a révélé aucune maladie psychiatrique. Cependant, "une expertise plus complète" s'avère "nécessaire", selon le procureur.

Des parents en instance de divorce

Les parents des victimes, mariés en juillet 2011, étaient en instance de divorce, a expliqué le procureur. Dans ce contexte, les droits de visite et d'hébergement étaient "exercés à l'amiable, dans l'attente d'une audience devant le juge aux affaires familiales prévue le 12 décembre". Les trois filles passaient donc certains week-ends chez leur père. La mère avait signalé, "à deux reprises par main courante, des difficultés liées à la remise des enfants", mais "sans évocation de violence" à ces moments-là, a précisé le magistrat.

Entendu lundi, l'homme a expliqué avoir récupéré ses trois enfants vers 15 heures samedi pour passer l'après-midi avec elles. Il a évoqué "la crainte de ne plus les voir" et a échangé "dans la soirée des courriels conflictuels avec la mère et prenait à ce moment la décision de mettre fin aux jours de ses filles", précise le procureur de Créteil dans son communiqué publié mardi. Le magistrat ajoute que le mis en cause a administré des somnifères dans les boissons des trois fillettes "à leur insu", puis qu'il a "attendu qu'elles dorment pour leur donner la mort". Des boîtes de somnifères ainsi qu'un couteau de cuisine ont été retrouvés au domicile du père de famille.

Un homme déjà condamné pour des violences intrafamiliales

Le père des trois filles avait été condamné, le 29 avril 2021, à une peine de 18 mois de prison, dont 12 mois assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans, pour des faits de "violence par conjoint", avec "un bâton" et en présence de ses deux filles aînées, ainsi que pour des faits de violence sur la cadette. "Dans le cadre de ce sursis probatoire, une mesure d'interdiction d'entrer en contact avec les victimes et de paraître au domicile familial avait été ordonnée par le tribunal", a révélé le procureur de la République de Créteil. Néanmoins, cette interdiction était levée depuis le 30 septembre 2022, "afin de permettre la mise en œuvre des droits parentaux selon le souhait des parents".

L'homme avait exécuté "sans difficulté" une partie de sa peine en portant un bracelet électronique, a observé Stéphane Hardouin. Il avait respecté ses obligations, "en particulier celles d'accomplir un stage de responsabilité parentale et de suivi psychologique". "Dans ces conditions", le sursis probatoire avait pris fin le 28 août. En outre, il avait été visé par une enquête pour viol par conjoint, mais celle-ci avait été classée sans suite, le 5 juillet 2021, "au motif que l'infraction était insuffisamment caractérisée". "Au moment des faits, le mis en cause ne faisait donc plus l'objet d'aucun suivi judiciaire", a énoncé le procureur. Il suivait une formation en alternance et se trouvait en arrêt de travail.

Cependant, lors de son audition dimanche soir, la mère des fillettes a fait état de nouvelles violences en août 2022, sur elle et sur l'une de ses filles. "Ces faits n'avaient pas été portés à la connaissance de la police ou de la justice", a exposé Stéphane Hardouin. "Il reviendra à l'enquête d'établir précisément les raisons pour lesquelles elle n'avait pas déposé plainte à cette époque", a souligné le magistrat.

Le domicile de la mère cambriolé pendant son audition

Alors que la mère des trois fillettes répondait aux questions de la police, quelques heures après les aveux du père des enfants, son domicile a été cambriolé. Il "a été visité, cette nuit même, pendant son audition devant le service d'enquête", a confirmé le procureur de Créteil. Stéphane Hardouin a précisé dans la foulée l'ouverture d'une enquête pour vol par effraction et violation de domicile. Elle est confiée au commissariat de Boissy-Saint-Léger, en lien avec le service départemental de la police judiciaire du Val-de-Marne, saisi de l'affaire criminelle. "Des moyens importants sont engagés afin de confondre le ou les auteurs et d'établir si cette intrusion présente un lien avec le retentissement de ce drame familial", a ajouté le magistrat.

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